Publié le
29 sept. 2025 à 9h13
Des tas. Lorsque l’on pénètre un site de recyclage tel que celui de Derichebourg en bordure de Marne à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), le visiteur voit d’abord différents monticules de matières séparées par des murs de béton : « Métaux non ferreux », « plastiques », etc. Tout ceci est en réalité le produit fini, ou du moins la résultante de toutes les opérations mécaniques qui se déroulent à l’intérieur. Car au sein d’un large hangar, quelques opérateurs s’affairent à prendre en charge de vieux frigos. Edouard Rosier, le responsable d’exploitation du site, ne cache pas que certains arrivent jusqu’ici avec encore des denrées à l’intérieur… Celles-ci vont finir à la poubelle, contrairement au reste du frigidaire qui se voit être démantelé manuellement et valorisé quasiment à 100%.
15 000 ballons franciliens à traiter par an
Une fois ce premier travail de démolition accompli, vient l’étape la plus importante : la dépollution. Derichebourg retire les compresseurs, dont les moteurs baignent dans l’huile. Une huile qui peut être elle-même chargée en fluide frigorigène : CFC, fréon ou autre gaz que la société de recyclage s’attache à capter et à liquéfier avec la plus grande minutie.
Passé le broyage, les frigos livrent plusieurs matières : beaucoup de métal, un peu de verre et de plastiques, mais aussi des mousses qui, une fois réduites en poudre, partent dans les cimenteries afin de contribuer à la montée en température des fours.
Si Derichebourg prend déjà en charge 500 frigidaires par jour environ, l’activité sur les ballons d’eau chaude est pour le coup tout à fait nouvelle : l’unité de démolition a démarré au mois de juin 2025 moyennant un investissement de 25 millions d’euros. Environ 15 000 tonnes de ballons franciliens devraient être traitées sur un an. Le processus s’avère nettement moins complexe que pour les unités de froid.
Des gaz et du calcaire
Les ballons, stockés en tas à l’extérieur, sont directement envoyés dans un broyeur. Le peu de plastique contenu dans le ballon est séparé du reste par un procédé éculé. Mais la grande nouveauté tient en la récupération des gaz fluorés présents dans les mousses isolantes des ballons d’eau chaude.
Ces gaz ont un pouvoir de réchauffement climatique plus de 10 000 fois supérieur à celui du CO2 ! Afin de récupérer ces gaz, l’entreprise de recyclage agit comme elle le fait avec les frigidaires : les mousses sont broyées, légèrement chauffées, le gaz est capté et mis à l’état liquide pour des raisons de praticité.

Au sein d’un large hangar, quelques opérateurs s’affairent à prendre en charge de vieux frigos (©Arnaud Murati)
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Demeure tout de même un souci avec les ballons : le calcaire ! L’affaire est d’autant plus sensible que l’eau est notoirement calcaire en Ile-de-France. Derichebourg a donc été contraint de mettre au point un processus pour séparer le calcaire du métal. Une fois extrait, celui-ci est ensuite valorisé pour faire des routes.
Selon Derichebourg, le fait de démanteler les ballons d’eau chaude dans les règles de l’art permettrait d’économiser l’émission de 2,3 tonnes de CO2 par tonne de ballons traités chaque année.
Arnaud Murati
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