Une livraison des installations sans retard ; un déroulement des JO sans « aucun incident majeur » ; un engouement international (5 Mds de téléspectateurs) et populaire ; des objectifs sportifs atteints ; des « avancées notables » sur les aspects sociaux, de durabilité ou d’accessibilité… Selon les conclusions d’un rapport de la Cour des comptes, les Jeux olympiques de Paris 2024 sont un sujet de satisfaction ».

Ils ont néanmoins nécessité « une forte mobilisation de dépenses publiques », toujours selon la Cour : 3,02 Md€ pour les dépenses d’organisation et à 3,63 Md€ pour les dépenses d’infrastructures. Un montant qui figurait déjà dans la note d’étape publiée en juin 2025, et que la Cour n’a pas modifié, malgré les protestations de Paris 2024.

Le comité d’organisation, désormais dissout, évalue les dépenses à trois fois moins. « La Cour intègre dans ce calcul des recettes qui ne constituent pas un financement public lié aux Jeux de Paris 2024 », relève ainsi Tony Estanguet dans un courrier adressé à Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes.

« Certaines dépenses, qui existaient avant l’événement et qui se poursuivront après, ne peuvent en aucun cas être imputées aux Jeux de Paris », estime l’ancien patron des Jeux. Il pointe notamment les dispositifs liés à la haute performance ou les montants engagés par France Télévisions, « diffuseur historique des Jeux, et qui continuera à les diffuser après l’édition parisienne ».

Paris 2024 conteste également le fait que la Cour ait ajouté à la facture le financement de projets nés avant les JO, comme des travaux sur certaines lignes de métro, ou des coûts d’aménagements urbains (écoles, crèches, enfouissement des lignes haute tension…), qui figurent effectivement dans la maquette de la Solideo, qui a supervisé tous les chantiers, mais qui n’ont pas été financés avec le budget des Jeux.

La question des retombées économiques

« À travers ses choix méthodologiques, la Cour s’est refusée à examiner la seule question qui permettrait valablement d’éclairer le débat public : quel montant aurait été économisé par les finances publiques si les Jeux ne s’étaient pas tenus à Paris ?, souligne Tony Estanguet. Il est incontestable que ce montant serait sans commune mesure avec les 6 Md€ aujourd’hui présentés par la Cour. Le comité d’organisation estime pour sa part que ce chiffre ne dépasse pas 2 Md€, quand par ailleurs les retombées économiques attendues des Jeux représentent 3 à 5 fois ce montant. »

Si la Cour n’a pas souhaité tenir compte des remarques de Paris 2024, elle note toutefois qu’une « comparaison avec les Jeux de Londres, organisés en 2012, suggère que l’édition 2024 a été moins coûteuse pour les finances publiques dans un rapport d’au moins 1 à 2. »

Concernant les retombées, la Cour se montre prudente : « L’examen de l’impact des Jeux sur l’activité économique, dans la limite des données disponibles, indique que leurs retombées demeurent modestes, tant durant la phase de préparation, marquée par une forte hausse des prix, que pendant leur déroulement, marqué par des effets d’éviction du tourisme habituel et des effets de bord liés aux perturbations dans les zones d’accueil des compétitions ».

Même prudence à plus long terme. « Moins d’un an après les Jeux, il est encore trop tôt pour évaluer les retombées liées à l’« effet image » pour la France. Les effets économiques attendus à moyen et long terme des Jeux de Paris 2024 doivent être considérés avec prudence », écrit ainsi la Cour, moins dithyrambique que Paris 2024, qui a estimé les retombées économiques à environ 9 Mds€.

La Cour des comptes loue toutefois la méthodologie et le sérieux des organisateurs et des parties prenantes. Elle loue le rôle central de la Dijop, la bonne tenue de la Solideo, la mise en place d’une gouvernance partenariale, sans « dilution des responsabilités », l’approche innovante des comités d’audit et d’éthique.

« Ces acquis de la gouvernance des Jeux de 2024 constituent, sans impliquer leur transposition à l’identique dans le cadre d’autres grands évènements sportifs internationaux, un capital d’expériences qu’il appartient désormais aux pouvoirs publics de prendre en compte dans la perspective, notamment, des Jeux d’hiver Alpes françaises 2030. », résume la Cour des comptes.

L’emploi et l’accessibilité loués

Enfin, la Cour des comptes salue les avancées environnementales et sociétales réalisées grâce aux Jeux. « S’agissant de la charte sociale Paris 2024, les objectifs d’insertion ont été largement dépassés, salue la Cour des comptes. Alors que 605 320 heures d’insertion étaient initialement prévues dans les marchés liés à l’organisation des Jeux, 1,5 million d’heures ont été effectivement réalisées, soit plus de 250 % de l’objectif. Ces heures ont bénéficié à un public majoritairement jeune (20-25 ans), peu qualifié (63 % de niveau infra-bac) et issu pour une part significative des quartiers prioritaires de la politique de la ville. »

L’accessibilité a, selon la Cour, connu une avancée. « L’État a notamment joué un rôle structurant en inscrivant systématiquement cette question à l’agenda des instances de pilotage des mobilités, explique la Cour. La participation directe des personnes en situation de handicap a par ailleurs été organisée et institutionnalisée. Au niveau des sites, la Solideo a défini une stratégie d’accessibilité universelle qui a été mise en œuvre dans les programmes de construction et de rénovation. »

Reste la question de l’héritage… Logiquement, la Cour loue l’héritage méthodologique, l’installation, grâce à l’Agence du sport, de la France parmi les meilleures nations sportives. Pour le reste, il faudra du temps pour l’évaluer : quid de la baignabilité de la Seine, sujette à la qualité de l’eau ? De l’impact des Jeux sur l’urbanisme francilien, « qui se mesure sur le long terme » ? De l’ambition de développer la pratique du sport et de faire de la France « une nation sportive », sachant que « des incertitudes demeurent concernant le financement et la pérennité » des différents programmes, lancés par le Cojo et désormais gérés par l’ANS et le comité olympique français ? « Il est encore trop tôt pour en dresser un bilan définitif », résume la Cour.