Par
Laurène Fertin
Publié le
29 sept. 2025 à 14h46
Le feuilleton judiciaire n’est pas (encore) fini, mais Rennes Métropole « voit le bout du tunnel ». L’unité de valorisation énergétique (UVE) des déchets, située avenue Charles-et-Raymonde-Tillon, dans le quartier Villejean à Rennes, a fait l’objet de tests permettant de s’assurer de la conformité avec la directive européenne pour les équipements à pression des chaudières installées. Souvenez-vous, c’est ce point crucial qui avait conduit la Métropole à annuler le marché conclu avec l’entreprise italienne Ruths, en charge des travaux, avant de passer la main à Est Industrie Sentis, en juillet 2024.
Près de 6 000 soudures effectuées
En effet, « Est Industrie a dû reprendre toutes les soudures sur les première et deuxième lignes d’incinération, on en compte environ 6 000 », expose Laurent Hamon, vice-président en charge des Déchets et de l’économie circulaire, à la Métropole. Précisément, il s’agit de 5 980 soudures.
Une soudure peut nécessiter deux à trois heures de travail. Pour certaines, c’est une journée entière.
Laurent Hamon
Vice-président de Rennes Métropole en charge des Déchets et de l’économie circulaire
« Bien des soucis constatés »
Selon l’équipe technique encadrante, « bien des soucis ont été constatés avec les soudures ». « Nous les avons découpées et regardées au microscope, notamment », expose Marie Basquin, cheffe de projet sur le site de l’usine.
En bas de l’image : une soudure effectuée par Est Industrie. En haut, une soudure réalisée par l’entreprise Ruths. (© Laurène Fertin / actu Rennes)
Si l’on regarde une soudure effectuée par Est Industrie et l’autre, réalisée par Ruths, on se rend compte que cette dernière manque de matière, par exemple.
Marie Basquin
Cheffe de projet
« Les soudures réalisées par Ruths ne sont pas totalement homogènes. Vous voyez ce petit trou ? La soudure ne vient pas épouser la totalité du tube », abonde la cheffe de projet. Des « fissures » ainsi que des « mauvaises passes » ont par ailleurs été remarquées sur les soudures italiennes. Autre point soulevé : cette technique aurait des conséquences, à long terme, plus corrosives sur l’intégralité de l’équipement.
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Une technique autorisée
La technique utilisée par l’entreprise Ruths diffère donc de celle utilisée par le nouveau prestataire. Pour autant, « elle n’est pas interdite », relève Marie Basquin. « Elle est en revanche plus simple, d’une certaine manière, que celle d’Est Industrie. »
Toutefois, la technique de l’entreprise Ruths n’est pas utilisée dans les autres entreprises pour lesquelles cette dernière a remporté un marché – sauf dans une entreprise située à Marl, en Allemagne. Ce qu’il faut comprendre, c’est que Ruths a changé sa méthode sans nous prévenir.
Marie Basquin
Cheffe de projet
D’autres équipements à tester
Si les soudures ont fait l’objet d’une grande attention, 104 collecteurs – d’une longueur totale de 1,2 km – ont également été remplacés.
D’autres équipements doivent, de la même manière, être passés au crible pour pouvoir assurer la reprise de l’activité de l’UVE – arrêtée depuis avril 2022. Cela concerne, de façon générale, le traitement des fumées, la valorisation énergétique, l’électricité ou encore le contrôle des commandes.
Car « au-delà des chaudières, indique Marie Basquin, il y a environ 800 instruments qui les entourent : des pompes, des soupapes, des brûleurs accompagnant les fours, des équipements silencieux… ». Même si les travaux sont terminés, il y aura toujours des « petites corrections » à apporter. « C’est une phase normale et nécessaire », rassure-t-elle.
Une documentation
À ce titre, l’autre point de discorde avec l’entreprise Ruths concerne justement les notices d’utilisation de ces mêmes instruments, installés sur l’usine d’incinération, ainsi que les plans d’exécution.
Nous vous en parlions dans cet article, mardi 8 avril 2025, Rennes Métropole avait recours au tribunal administratif de Rennes afin de contraindre Ruths à lui communiquer des « centaines » de documents relatifs à l’incinérateur, après la rupture de leur contrat en janvier 2025.
Nous n’avons pas de doutes que les équipements installés par Ruths fonctionnent. Seulement, nous avons besoin de ces modes d’emploi pour les années à venir afin de réaliser des travaux, par exemple, de maintenance. Si nous n’avons pas ces documents, nous allons devoir arriver à une situation absurde où nous allons devoir racheter des équipements neufs.
Marie Basquin
Cheffe de projet
Des tests concluants
En attendant que la justice administrative fasse son travail, l’organisme indépendant TÜV, missionné par Est Industrie, a pu valider, le 5 septembre dernier, la résistance à la pression d’une des deux chaudières.
Une première ligne d’incinération a été testée dans l’usine. « Celle-ci respecte à 100 % la norme européenne [EN 12 952, N.D.L.R] », relève Laurent Hamon. « Concrètement, il s’est agi d’envoyer dans la chaudière de l’eau froide sous très haute pression à 138 bars, alors que la pression normale de fonctionnement est de 57 bars. »
Ce test permet de vérifier deux éléments : premièrement, que la chaudière n’a pas de fuite et ensuite, que celle-ci « tient » la pression en toute sécurité. Un test similaire doit être réalisé mardi 30 septembre sur la deuxième chaudière.
Une reprise à l’été 2026
Ce premier résultat encourageant permet à la Métropole de Rennes de se prononcer sur une reprise de l’activité de l’UVE à l’été 2026… « Sous réserve que l’on ait toute la documentation donnée par la société Ruths », tempère le vice-président en charge des déchets, qui se réjouit toutefois : « Cette certification constitue un moment de vérité pour l’UVE. »
En parallèle, la Métropole dit travailler avec des entreprises spécialisées afin de reconstituer la documentation manquante.
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