La majorité régionale (de droite) a décidé de supprimer les aides de la Région aux Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH). Mise en place en 2014 (lorsque le Conseil régional était dirigé par la gauche), cette aide était une participation financière aux fonds départementaux de compensation du handicap des huit MDPH d’Ile-de-France. Fonds, créé par la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées de 2005, permettant de participer au financement des appareillages et des adaptations de logements et de véhicules des personnes en situation de handicap et allocataires de la prestation de compensation du handicap (PCH).
Sa suppression, dès cette année, va priver ces mêmes MDPH de 2 millions d’euros, « soit 15% des ressources aujourd’hui mobilisées pour la prise en charge du financement des appareillages et des adaptations de logements et de véhicules des personnes en situation de handicap et allocataires de la prestation de compensation du handicap », précise Céline Malaisé, la présidente du groupe de la Gauche Communiste Écologiste et Citoyenne à la Région, qui s’oppose à cette décision comme 7 conseillers départementaux de gauche de la Seine-Saint-Denis, des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne, de l’Essonne et de la Seine-et-Marne, et les conseillers de Paris Ian Brossat et Raphaëlle Primet, qui co-président le groupe Communiste et citoyen.
« Cette décision, prise en catimini, est inacceptable et incompréhensible, écrivent ces élus dans un communiqué commun. Elle pénalise fortement les MDPH, déjà en grande difficulté, ainsi que leurs usagères et usagers en situation de handicap. » Rappelant que la présidente (LR) de la Région Valérie Pécresse avait fait du handicap la « grande cause régionale » de 2024, ils lui demandent de revenir sur « cette décision inique, contraire à la justice sociale due à nos concitoyens en situation de handicap ».
La Région s’explique
« Les MDPH, qui effectuent un travail remarquable pour accompagner tous nos compatriotes en situation de handicap, sont placées sous la seule responsabilité des Départements », rappelle l’exécutif régional en préambule d’une explication – « loin des polémiques politiques » – de son choix. « Toutefois, poursuit-il, la Région, pour aider à l’acquisition des fauteuils roulants, avait accepté de manière totalement dérogatoire, en dehors de ses compétences, et parce que la cause du handicap nous tient particulièrement à cœur, de donner 250 000 euros à chaque MDPH pour compléter les moyens des Départements ». Mais « aujourd’hui, la situation a changé » car « depuis cette année, l’Assurance Maladie a décidé de prendre en charge l’intégralité du coût d’achat des fauteuils : l’aide régionale est donc devenue sans objet », estime la majorité régionale.
Majorité qui évoque aussi les « confiscations » de recettes imposées par l’Etat à la collectivité cette année « pour réduire ses propres déficits » : 230 millions d’euros qui « ne permettent plus à la Région d’intervenir en dehors de nos domaines de compétence ». Et de se défendre d’avoir mis devant le fait accomplie les Départements et les MDPH, expliquant que « cette décision a été prise au moment des débats budgétaires à l’automne 2024 et notifiée aussitôt aux Départements et MDPH ». « La Région est massivement engagée dans le soutien aux personnes en situation de handicap », se défend également l’exécutif, chiffres à l’appui : « Ce sont 150 millions d’euros qui sont investis de manière transversale sur le handicap en 2025, en progression constante depuis 2016 (c’était 100 millions d’euros en 2016). Sans compter tous les projets de mise en accessibilité des lycées pour lesquels nous investissons des centaines de millions supplémentaires ».
Pas de quoi convaincre les élus de gauche pour qui la suppression de l’aide aux MDPH intervient « alors que la droite régionale multiplie les dépenses extralégales ou somptuaires dont l’utilité sociale est nulle, sans commune mesure avec l’aide aux personnes en situation de handicap ».