Le pic d’Aneto (3 404 m), le Pic du Posets (3 375 m), le Pic du Zumstein (4 563 m) et le Mont Blanc (4 808 m). Ce n’est pas le programme de l’été du phénomène de l’alpinisme espagnol Kilian Jornet mais bien les ascensions réalisées par Eddy Estripeau dans le cadre de son défi baptisé « Les sommets de l’espoir ». La dernière, son rêve, ne date que du 18 septembre dernier. On en oublierait que le Toulousain est notamment touché par une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) qui a réduit sa capacité respiratoire à 55 %.
C’est donc un véritable exploit qu’a accompli Eddy Estripeau, qui confie avec un sourire dans la voix sa « fierté » et sa « joie » d’avoir atteint ce sommet. Un très grand haut pour celui qui a connu beaucoup de bas dans sa vie et qui, il n’y a pas si longtemps, imaginait « ne plus jamais pouvoir remarcher ». Car ce sont trois maladies chroniques qui ont bouleversé la vie de ce chef de projet au sein d’un laboratoire de santé vétérinaire.
« Au début des années 2000, j’ai été atteint d’une rectocolite hémorragique et j’ai dû subir une ablation du côlon et du rectum. Ensuite, probablement à cause des traitements, j’ai déclaré la BPCO puis une spondylarthrite ankylosante. En 2009, j’ai été alité neuf mois, sans pouvoir bouger, et ma colonne s’est complètement soudée. Aujourd’hui, je suis voûté et je mesure 1,65 m au lieu de 1,80 m », raconte le Toulousain qui a 48 ans cette année.
Des épreuves qui lui ont fait prendre conscience que tout pouvait s’arrêter rapidement et, donc, qu’il fallait essayer de réaliser ses rêves. « Je m’étais dit que si je me relevais de tout ça, je ferais des choses qui puissent donner de l’espoir à d’autres malades. Qu’ils se disent : Pourquoi pas moi ? » Entre-temps, la mort d’un ami d’enfance d’un cancer le pousse à créer l’association DASSOS en 2016 pour soutenir la recherche médicale et financer des choses pour améliorer le quotidien des malades.
« Comme je suis voûté ça me demande moins d’effort »
Finalement, alors qu’il a toujours rêvé de montagne sans penser que ce serait physiologiquement possible, Eddy Estripeau a décidé, il y a six ou sept ans, de relever un défi sportif chaque année. En commençant par le lac d’Oô, dans les Pyrénées, puis par un premier 3 000 m, puis un 4 000 m, avant d’en arriver au Mont Blanc cette année. « Paradoxalement, je ne peux pas faire un kilomètre sur le plat, c’est beaucoup trop douloureux. Mais comme je suis voûté, ça me demande moins d’efforts en montée. Je suis dans la pente », explique-t-il avec beaucoup d’humour.
Avec son défi « Les sommets de l’espoir », le Toulousain a lancé une cagnotte en ligne qui servira à financer un trek de trois jours sur un sommet pyrénéen de 3 000 m pour des personnes atteintes du cancer ou de maladies chroniques. « En parallèle, avec l’association DASSOS, nous organisons deux randonnées pédestres chaque année qui nous permettent de récolter environ 10 000 euros par an. » Autant d’actions qu’Eddy Estripeau relaie avec enthousiasme et dynamisme sur la page Instagram « Les défis de l’espoir ou Eddy.tout.tordu.mais.debout » pour inspirer les gens.