Coup pour coup. Entre la députée Laure Lavalette (RN) et son homologue toulonnais Yannick Chenevard (apparenté Ensemble pour la République) les échanges musclés dépassent le cadre de l’Assemblée nationale. Et s’invitent dorénavant dans la campagne des prochaines élections municipales. « Ce sont des faussaires », a lâché le parlementaire proche d’Hubert Falco, lui-même qualifié d’« élu fantôme Macrono-LFI en sursis […] qui ne sait pas lire » par l’entourage de la quasi-candidate à la mairie de Toulon.
L’étincelle, qui a mis le feu aux poudres ? La soirée de lancement officiel de la candidature du sénateur Michel Bonnus (LR), vendredi dernier. Dans la petite salle bondée du Zénith, Yannick Chenevard est le premier soutien à prendre la parole, devant une trentaine d’élus de droite (dont le président de la Région, celui du Département et celui de la Métropole) et plus de sept cents sympathisants. C’est aussi le premier à s’en prendre à Laure Lavalette, donnée favorite pour mars 2026. « Ici, elle défend la veuve et l’orphelin, constate-t-il. Mais à l’Assemblée, elle ne vote pas la loi contre le narcotrafic pour que nos policiers, gendarmes, magistrats, agents pénitentiaires disposent des moyens nécessaires. » Vraiment ?
Des accusations de mensonge
Dans le camp de la députée d’extrême droite, cette déclaration (de guerre) ne passe pas inaperçue. C’est d’abord son assistant parlementaire parisien qui se charge de démentir sur le réseau social X, via une capture d’écran de la liste des votants du scrutin public n° 1194 sur l’ensemble de la proposition de loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic. À la date du 1er avril 2025, y figure bien le nom de Laure Lavalette, entre celui d’Hélène Laporte et Robert Le Bourgeois.
Le mensonge est un trait de caractère inhérent à cette équipe sortante de Toulon. La maire sortante vient d’ailleurs d’en faire les frais.
Ça n’est pas leur pire, ni le plus coûteux pour les Toulonnais. Je ne manquerai pas de les détailler prochainement. https://t.co/erHo0J6wg6
— Laure Lavalette (@LaureLavalette) September 28, 2025
« Le mensonge est un trait de caractère inhérent à cette équipe sortante de Toulon », dénonce la députée varoise. Précision : celle-ci a participé au vote du projet de loi en première lecture à l’Assemblée nationale, après un passage début février au Sénat qui était à l’initiative.
Les députés y ont alors apporté plusieurs amendements. D’où le renvoi en commission mixte paritaire (CMP), pour trouver un accord entre les deux chambres comprenant la suppression du sujet sensible de l’obligation faite aux plateformes de messageries cryptées de communiquer les correspondances des narcotrafiquants, tout comme l’injonction pour richesse inexpliquée. Ce qui donne lieu à un nouveau vote au Palais Bourbon, fin avril. Près de 500 élus y prennent part, dont 109 représentants du Rassemblement national (sur 123), y compris Marine Le Pen. C’est dire l’attente autour de ce scrutin, qui valait approbation indispensable.
« Ni risque ni enjeu » ?
Mais cette fois, pas de Laure Lavalette, pourtant porte-parole du RN. Ce qu’un élu du camp Bonnus souligne, également sur X. « Une CMP conclusive avait déjà eu lieu, il n’y avait ni risque ni enjeu, la première lecture fait foi », réplique l’assistant parlementaire de celle qui a lancé son micro mouvement à Toulon, façon leçon de droit. Avant une réplique à la réplique : « C’est comme pour graver le droit à l’IVG dans la constitution, c’est parce qu’il n’y avait « Ni risque ni enjeu » qu’elle n’a pas voté à Versailles, c’est bien ça, j’ai bon en novlangue RN ? »
De son côté, Laure Lavalette ne compte pas en rester là, suite à ce qu’elle considère comme « un mensonge de la mairie sortante ». « Ce n’est pas leur pire, ni le plus coûteux pour les Toulonnais. Je ne manquerai pas de le détailler prochainement », avertit-elle. Commentaire d’un internaute, revendiqué « antifa », qui fait écho au discours qu’Hubert Falco a tenu juste après Yannick Chenevard : « Ne manquez pas non plus de rappeler le bilan de l’équipe Le Chevallier maire FN de Toulon (de 1995 à 2001, Ndlr), parti dont vous êtes issue et qui n’a pas changé. »