Joueur de national 3 en région parisienne, Yoni Viotty Rose a été victime d’un acte raciste en plein match en avril dernier. Rapidement identifié, l’auteur des cris de singe, un joueur de l’équipe adverse, a été sanctionné de six mois de suspension, dont trois avec sursis. Une sanction trop faible selon l’Antillais, qui a pris la parole sur les réseaux sociaux.

« Quand j’ai vu le procès-verbal, je me suis rendu compte qu’on se moquait totalement de ce qui m’était arrivé en donnant trois mois pleins de sanction à ce jeune homme pendant les vacances. » Près de cinq mois après les faits, l’Antillais Yoni Viotty Rose a décidé de briser le silence, et d’exposer au grand jour l’acte de racisme dont il a été victime le 27 avril dernier, lors du match de volley-ball opposant son club du CSM Clamart au Molsheim Olympique Club dans l’Est de la France. « Au moment où j’arrive au service, j’entends des cris de singe sur le banc adversaire, et j’interpelle en disant que les cris de singe ça ne va pas être possible. À ce moment, je suis tout de suite soutenu par un supporter présent en tribune qui dit qu’il peut témoigner, et l’arbitre de son côté, il fait juste rejouer l’action, et demande au joueur de Molsheim de se calmer. Et le jeu reprend », au grand dam de l’Antillais de 35 ans.

Totalement abasourdi par ce qu’il vient de vivre, Yoni Viotty Rose décide alors de quitter le terrain « après deux ou trois jeux » et c’est à ce moment que les arbitres décident d’interrompre le match. « C’est hallucinant », s’exclame-t-il. « L’arbitre se défend en disant qu’il avait entendu les cris de singe, mais ne pouvant pas cibler la personne, il ne pouvait pas faire plus. (…) Avec le recul, je me dis qu’il aurait pu agir et arrêter le match de lui-même », dénonce-t-il aujourd’hui.

Finalement, l’auteur des cris de singe sera identifié et sanctionné par son club et la fédération. Âgé de 15 ans, il écope de six mois de suspension dont trois avec sursis. Une sanction jugée dérisoire par Yoni Viotty Rose, d’autant qu’une partie de celle-ci s’applique à une période où les clubs amateurs ne disputent aucun match. « C’est lunaire… […] En octobre, il pourra reprendre les championnats comme si de rien n’était », soupire le volleyeur.

Sur les réseaux sociaux, l’Antillais a décidé de prendre les devants et de pousser un cri d’alarme. « Je ne peux que dire mon indignation ! Une sanction aussi légère revient à banaliser un acte grave. Comment accepter qu’un geste raciste soit puni de manière aussi dérisoire, quand le racisme, je le rappelle, est un délit puni par la loi ? », s’interroge-t-il dans une lettre ouverte publiée sur les réseaux sociaux.

Pour défendre son joueur, le club Molsheim Olympique Club a avancé la jeunesse du joueur, 15 ans au moment des faits, et a plaidé « l’acte isolé  » comme le révèle Le Parisien. « Pour moi, ça n’explique rien (l’âge du joueur). On est en 2025, on est alerté sur ces sujets très tôt, que ce soit à l’école ou dans le sport. Donc c’est bien beau pour la fédération de lancer des campagnes anti-racistes, anti-violences, mais, si derrière, on n’est pas prêt à agir pour ce type d’acte, ça ne sert à rien… », estime Yoni Viotty Rose.

La fédération française de volley-ball s’est de son côté défendue en disant condamner « fermement cet acte » et dit comprendre « que les victimes soient souvent déçues mais la commission est constituée d’avocats et de juristes qui ont appliqué les sanctions prévues dans notre barème, qui va de deux à six mois de suspension », a déclaré Antoine Durant, directeur exécutif de la FFV dans Le Parisien. Malgré cet incident, la motivation de Yoni Viotty Rose reste intacte. Il est fin prêt pour cette nouvelle saison de volley-ball à venir.