Depuis la disparition de leur fille il y a cinq mois, les parents de Lorène n’ont qu’un seul mot d’ordre : la santé mentale. Le 24 avril dernier, l’adolescente était assassinée de 57 coups de couteau par un autre élève dans son lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides à Nantes, alors qu’elle assistait à son cours de mathématiques. Ses parents avaient d’abord ouvert une cagnotte en ligne pour aider les structures d’aide psychologique à l’enfance. En juillet, ils avaient organisé la « Run for Lorène », une course solidaire en hommage à leur fille partie « beaucoup trop rapidement ».
Lundi soir, les deux Nantais se sont présentés en tant que membres de l’association « Effervescence jeunes », accompagnés de deux autres adhérentes. Cette fois, « nous ne sommes pas là pour parler de Lorène », a lancé le père de l’adolescente, « mais pour parler de la santé mentale des jeunes. »
La santé mentale « pour les ados et par les ados »
A l’origine, il y a « le cataclysme », comme le désignent les parents de Lorène qui préfèrent rester anonymes lors de leur prise de parole. Puis il y a eu la prise de conscience, « nous voulions aller plus loin qu’un simple hommage », décrit la présidente de l’association, créé il y a tout juste un mois. La mort de Lorène a mis en évidence une notion cruciale : la santé mentale des jeunes se dégrade mais l’accès aux lieux d’écoute et de soins reste difficile. « Après le 24 avril, nous avons remarqué la difficulté des jeunes à trouver un psy. Les ados ont besoin d’une écoute anonyme et rapide », poursuit-elle. Selon un sondage mené par la Mutualité Française et publié le 2 septembre, un jeune sur quatre souffrirait de dépression.
A partir de ce constat « Effervescence jeunes », se présente comme une association pensée « pour les ados et par les ados ». « Nous sommes ici pour recueillir les idées des jeunes mais aussi les témoignages de parents qui se sentent souvent désemparés », simplifie Marie-Claire, trésorière. L’association aura pour but de pérenniser des événements déjà existants – comme la Run for Lorène –, d’aider aux projets de prévention et de communiquer sur la santé mentale pour que cette dernière soit « au cœur des sujets de nos politiques ».
Appel aux dons et aux idées
Pour ce faire l’association fait appel aux échanges et aux idées mais aussi aux dons et travaille conjointement avec des professionnels de santé. Elle sera également financée par plusieurs mécènes dont trois sont déjà identifiés.
Arrêté après avoir mortellement blessé Lorène et trois autres personnes, l’assaillant, âgé de 16 ans, avait été hospitalisé en psychiatrie, puis transféré dans une unité pour malades difficiles à Albi (Tarn), un établissement réservé à des patients susceptibles de mettre en danger leur vie ou celle des autres.