Face aux incursions répétées de drones dans l’espace aérien allemand, une menace qu’il juge « élevée », le gouvernement veut sortir de sa posture défensive. Comme au Danemark, plusieurs survols non autorisés ont été constatés, le week-end dernier, au-dessus du Schleswig-Holstein, la région limitrophe entre les deux pays. L’armée allemande va d’ailleurs apporter son concours, comme l’armée française, à la lutte anti-drones pour la protection du sommet de Copenhague, mercredi et jeudi. Cinquante soldats du régiment Friesland, ainsi que la frégate Hamburg, équipée d’un radar longue portée, vont être déployés dans cette zone.
Le gouvernement allemand veut également muscler sa riposte pour son propre territoire. Une note de la police fédérale (BKA) publiée dans l’hebdomadaire Spiegel constate l’ampleur du phénomène. 536 survols suspects de drones ont été répertoriés en Allemagne au cours du premier trimestre 2025. Jusqu’à présent, leur neutralisation est légalement possible quand ils volent au-dessus des installations militaires, une base ou une caserne. Le ministre de l’Intérieur veut durcir la législation pour pouvoir les abattre en cas de survol menaçant ou au-dessus d’infrastructures critiques, comme un aéroport ou une centrale à énergie.
Des actions hostiles aussi sur les vols civils
Brouillages radio, laser, drones intercepteurs équipés de filets, la Bundeswehr teste toutes les possibilités techniques. Ses unités vont recevoir, en 2026, 19 exemplaires du Skyranger, des blindés de Rheinmetall spécialisés dans la lutte anti-drones. Ils utilisent des radars 3D et des capteurs électro-optiques pour abattre les objets volants à l’aide d’un canon automatique de 30 mm, voire de missiles Stinger.
Dans cette guerre hybride, les autorités enregistrent aussi une forte recrudescence des actions hostiles sur les vols civils. 447 perturbations sur les positions GPS des avions ont été recensées au premier semestre, contre 25 sur toute l’année 2023. Selon un rapport de l’aviation civile allemande rendu public par Die Welt, ces actes de sabotage sont signalés, en très grande majorité, par les équipages volant au-dessus du nord du pays ou de la mer Baltique. Pour résumer la situation, le chancelier, Friedrich Merz, a déclaré, ce week-end, à Berlin : « Nous ne sommes pas en guerre mais nous ne vivons plus en paix non plus ».