Par
Léa Pippinato
Publié le
29 sept. 2025 à 19h30
Ce lundi 29 septembre 2025 au matin, devant le collège François Rabelais de Montpellier, dans le quartier Malbosc, une file d’élèves se forme à l’entrée. Sur ordre du principal, leurs sacs s’ouvrent. Les membres de l’Équipe mobile académique de sécurité (Emas) inspectent rapidement le contenu, trousse incluse. Rien de spectaculaire. Mais ce geste, répété à l’échelle de l’académie, doit s’imposer comme une habitude.
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L’Académie de Montpellier veut en effet doubler ces opérations. « Nous étions à une centaine l’an passé, nous visons environ 200 d’ici la fin de l’année », annonce la rectrice Carole Drucker-Godard.
Prévenir plutôt que sanctionner
À l’entrée, les agents se contentent d’un contrôle visuel. Pas de fouille systématique. « Nous n’ouvrons pas les sacs nous-mêmes. Nous demandons toujours le consentement de l’élève », précise Jean-Marc Delhommeau, membre de l’Emas et adjoint au conseil de sécurité de la rectrice.Un refus reste possible, mais il a des conséquences : « Le chef d’établissement peut interdire l’accès. Dans ce cas, la famille est contactée. » Les objets les plus souvent retenus sont anodins en apparence : ciseaux trop pointus, flacons de parfum, bombes de déodorant. « Un aérosol devient dangereux avec un briquet. Quant aux ciseaux, seuls les modèles à bouts ronds sont acceptés. Les autres peuvent servir d’arme. »

Une dizaine d’aérosols et quelques paires de ciseaux trop pointus ont été mis de côté ce lundi matin, avant d’être rendus aux élèves le soir. (©Métropolitain / LP)
Le principal du collège Rabelais, Loïc Le Fraillec, a choisi d’organiser cette opération dès la rentrée. « C’est un signe adressé aux familles et aux personnels. Nous prenons en compte leur sécurité. » Il ne prévoit pas de multiplier les contrôles outre mesure : « Deux ou trois fois par an suffisent, de manière espacée et aléatoire. Il ne faut pas que cela devienne une routine pesante. »
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La rectrice insiste sur l’esprit de la démarche. « Ce n’est pas un contrôle répressif. Nous expliquons pourquoi certains objets sont retirés. Les élèves les récupèrent le soir à la vie scolaire, mais avec la consigne de ne pas les rapporter. » Elle raconte avoir entendu un collégien s’inquiéter : « Vous allez appeler mes parents parce que j’ai un déodorant ? » avant de le rassurer. « Bien sûr que non. Ce n’est pas une punition. » Le contexte justifie ce durcissement. « Les faits signalés dans les établissements ont augmenté d’environ 20 % en un an », note Carole Drucker-Godard.
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Un membre de l’Emas explique à un collégien pourquoi son parfum a été retenu. (©Métropolitain / LP)
Elle avance deux raisons : une culture du signalement plus forte, mais aussi un climat social plus violent. Jean-Marc Delhommeau confirme : « Malheureusement, nous trouvons de plus en plus de couteaux. Les élèves disent vouloir se protéger, parfois impressionner. Dans ces cas, l’arme est confisquée, la police contactée, et l’élève passe en conseil de discipline. »
« Malheureusement, nous trouvons de plus en plus de couteaux. Les élèves disent vouloir se protéger, parfois impressionner. Dans ces cas, l’arme est confisquée, la police contactée, et l’élève passe en conseil de discipline »
Jean-Marc Delhommeau
Membre de l’Emas et adjoint au conseil de sécurité de la rectrice de Montpellier
Lina, 13 ans, a vu son spray confisqué : « Je pensais que c’était exagéré. Mais on m’a décrit ce que ça pouvait donner avec un briquet. J’ai compris. » Ilyes, 15 ans, reste plus sceptique : « Celui qui veut vraiment amener un couteau ne le mettra pas dans son sac. Mais pour les déos et les ciseaux, d’accord, ça évite des accidents. » Au collège, les élèves montrent chaque matin leur carnet de correspondance. C’est l’occasion d’un premier regard sur les sacs, de manière quasi automatique. Les contrôles renforcés, eux, restent exceptionnels et imprévisibles.
👮♀️ Et aussi : des opérations menées par la gendarmerie
En parallèle de ces contrôles organisés par l’académie, les unités de gendarmerie de Castelnau-le-Lez, appuyées par une équipe cynophile de Lunel et plusieurs polices municipales, ont conduit la semaine dernière des opérations de prévention dans différents collèges et lycées (Pignan, Fabrègues, St-Clément-de-Rivière, St-Jean-de-Védas, Villeneuve-les-Maguelone, Castelnau-le-Lez, Jacou et Clapiers). Objectif : vérifier l’absence d’armes ou d’objets dangereux dans les sacs afin de garantir un environnement scolaire serein et sécurisé pour l’ensemble de la communauté éducative.
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