Faut-il ou non discuter avec les talibans, même quand il s’agit de renvoi de personnes en Afghanistan ? Absolument pas, si l’on en croit Marcel Emmerich.
« En concluant un accord avec les talibans, Alexander Dobrindt se rend dépendant d’une organisation islamiste et lui donne de l’importance », estime le porte-parole des Verts pour la politique intérieure.
C’est même, selon lui, un camouflet pour tous ceux qui se sont battus pendant des années pour la démocratie contre les talibans.
Même son de cloche chez die Linke : « Ceux qui négocient avec les talibans légitiment et banalisent les terroristes », a déclaré Clara Bünger, la vice-présidente du groupe parlementaire du parti d’extrême gauche au Bundestag, au quotidien « Rheinische Post ».
L’objectif des négociations serait « de préparer des expulsions massives vers un pays où la torture, les exécutions publiques et les flagellations sont monnaie courante ». Quiconque conclut de tels accords se rend “complice » de telles pratiques, a-t-elle ajouté.
Selon le ministère de l’Intérieur, des discussions « au niveau des contacts techniques » ont eu lieu au cours de ce mois de septembre avec des représentants afghans à Doha, la capitale du Qatar, au sujet de nouvelles expulsions.
Le gouvernement fédéral a ensuite souligné qu’il ne s’agissait « en aucun cas » d’une reconnaissance de facto du gouvernement taliban, largement condamné par la communauté internationale.
107 personnes déjà expulsées
Il faut dire que depuis leur prise de pouvoir en 2021, les talibans ont massivement restreint les droits des femmes et des filles en Afghanistan.
Du côté des conservateurs, cette décision d’Alexander Dobrindt a été largement saluée : « Les réfugiés qui commettent des délits ici doivent quitter le pays après avoir purgé leur peine. Cela vaut également pour les personnes originaires de Syrie et d’Afghanistan », assure Alexander Throm, spécialiste des questions intérieures au sein du groupe parlementaire des conservateurs au Bundestag.
Selon lui, c’est le seul moyen de « continuer à protéger l’acceptation de [notre[ système d’asile« .
Depuis 2021 et l’arrivée des talibans au pouvoir en Afghanistan, l’Allemagne a procédé, à deux reprises, à des expulsions vers Kaboul : en août 2024, 28 criminels avaient été renvoyés en Afghanistan. La seconde fois a eu lieu en juillet dernier : cette fois-ci, ce sont 81 hommes qui, selon les informations fournies par les Länder, avaient notamment été condamnés pour des homicides, des infractions sexuelles, des actes de violence et des infractions liées à la drogue.
À l’avenir, Berlin souhaite renvoyer ces criminels par des lignes régulières et ne plus affréter de vols spéciaux.