
TotalEnergies augmente sa production et réduit ses investissements ( AFP / Lou BENOIST )
TotalEnergies
va augmenter sa production globale d’énergies jusqu’en 2030 tout en réduisant ses investissements, y compris dans les énergies bas carbone, et ses coûts opérationnels pour faire face à un environnement « incertain » dans un contexte de baisse des prix du pétrole.
Le géant pétro-gazier français a annoncé lundi vouloir augmenter sa production de pétrole, gaz et électricité d’environ 4% par an jusqu’en 2030.
Parallèlement, il souhaite économiser 7,5 milliards de dollars sur ses investissements et ses coûts opérationnels entre 2026 et 2030, a détaillé la direction à l’occasion d’une journée dédiée aux investisseurs.
Les économies opérationnelles ne concernent pas l’emploi, a assuré le groupe à l’AFP.
Côté investissement, le groupe a abaissé d’un milliard de dollars par an ses prévisions: il prévoit désormais autour de 16 milliards de dollars d’investissements nets en 2026 et de 15 à 17 milliards de dollars par an sur la période 2027-30.
TotalEnergies entend concentrer ses investissements sur les projets « à forte marge » dans l’exploration-production de pétrole et gaz et va « rester sélectif sur les investissements bas carbone ».
Ces derniers sont abaissés à environ 4 milliards de dollars par an, dont 3 à 4 milliards de dollars pour le segment « Integrated Power », qui regroupe toute la chaîne de valeur de l’électricité. Le groupe avait réduit en début d’année de 500 millions de dollars, de 5 à 4,5 milliards de dollars, la part dédiée aux « énergies bas carbone ».
La poursuite de la diversification dans les énergies renouvelables (éolien et solaire) « va permettre à TotalEnergies de se différencier » de ses concurrents « en contribuant à la croissance du dividende, mais aussi à la résilience de la compagnie face aux cycles » du pétrole et du gaz, qui peuvent connaître d’importantes variations liées à l’environnement géopolitique et macroéconomique mondial, souligne le groupe.
TotalEnergies prévoit en revanche d’augmenter sa production d’électricité d’environ 20% par an d’ici 2030, pour générer entre 100 et 120 térawattheure (TWh) par an, dont 70% sur base renouvelable et 30% venant de centrales à gaz fonctionnant en complément des énergies renouvelables, par nature intermittentes.
– « Même croissance avec moins » –
Les autres 500 millions de baisse d’investissements proviendront du pétrole et gaz. Dans ce segment, TotalEnergies table sur une croissance moyenne d’environ 3% par an de sa production entre 2024 et 2030, grâce aux mises en production de projets, avec 95% de la production attendue en 2030 déjà en exploitation ou en cours de développement.
« Nous pouvons faire la même croissance avec moins », a déclaré Patrick Pouyanné, son PDG, à l’occasion de sa journée investisseurs. « Nous avons quelques incertitudes sur l’environnement dans lequel nous travaillons », a-t-il souligné en relevant notamment que le prix du pétrole est en recul d’environ 10 dollars par rapport à l’an dernier.
L’ONG Reclaim Finance a critiqué le recul des investissements dans l’énergie bas carbone, estimant que le groupe « reculait une nouvelle fois sur ses objectifs climatiques, qui étaient pourtant déjà extrêmement faibles ».
« TotalEnergies ne peut tromper personne : l’entreprise n’est pas en transition et les acteurs financiers qui la soutiennent, dont les banques et investisseurs français, doivent réagir en mettant fin à ce soutien », a déclaré Antoine Bouhey, coordinateur de campagne à Reclaim Finance, dans un communiqué lundi.
TotalEnergies table grâce à cette stratégie sur un retour à l’actionnaire de plus de 40% du flux de trésorerie, « quel que soit le prix de l’énergie ».
Le groupe prévoit de racheter 1,5 milliard de dollars d’actions au cours du quatrième trimestre, ce qui portera à 7,5 milliards le montant dédié à ces opérations sur l’année 2025.
Pour 2026, il prévoit entre 750 millions de dollars et 1,5 milliard de rachat d’actions par trimestre.