Ils font désormais partie du paysage parisien. Les vélos électriques en libre-service sont aujourd’hui visibles à chaque coin de rue, ou presque. Certains jours, le nombre de courses cumulées sur les 18 000 vélos Lime et Dott fait jeu égal avec celui de Vélib’, présent sur l’ensemble de la métropole.
À compter de ce mercredi 1er octobre, les choses évoluent : le leader, l’américain Lime, et le franco-néerlandais Dott (fusionné avec TIER en 2023), devront se partager le marché avec un nouveau venu, le suédois VOI. Voilà tout ce qui va changer ce mercredi.
Des règles de stationnement plus contraignantes
Avant l’été, à l’issue d’un appel à manifestation d’intérêt, la municipalité a signé avec ces trois opérateurs un contrat de quatre ans. Chacun pourra déployer 6 000 vélos — pour atteindre les 18 000 vélos au total, comme aujourd’hui —, et jusqu’à 9 000 lors des pics d’activité. Il faudra pour cela justifier de quatre trajets par jour en moyenne par véhicule, sur trente jours consécutifs.
« Notre objectif est de renforcer la régulation de ces services, en les contractualisant », expliquait en juin David Belliard (Les Écologistes), l’adjoint aux mobilités.
Chaque candidat devra par ailleurs tenir les engagements du cahier des charges en matière de consommation d’énergie, de recyclage et de régulation du stationnement, notamment…
Des élus du Conseil de Paris ont fait remonter le mécontentement de certains cyclistes ne pouvant plus garer leurs propres montures car tous les arceaux étaient « squattés » par des engins en libre-service. Pour éviter la « saturation » sur certains emplacements, de nouvelles règles entrent donc en vigueur pour les usagers ce mercredi.
« Lorsqu’il y a entre un et trois arceaux, c’est-à-dire six places pour vélos, le stationnement est interdit pour les engins en libre-service. De quatre à cinq arceaux, un vélo en libre-service par opérateur peut stationner. De six à huit arceaux, c’est deux vélos ; de neuf à onze arceaux, trois ; etc. Jusqu’à 26 arceaux, où six vélos en free floating peuvent prendre place », détaillait encore David Belliard.
Les trois opérateurs indiqueront dans leur appli les emplacements libres pour finir sa course. « C’est un défi, car ces nouvelles règles réduisent de 22 % le nombre de places autorisées, sans créations de nouveaux emplacements en parallèle, confie-t-on chez Dott. On espère discuter avec la Ville pour ajuster au mieux les choses. »
VOI, le nouveau venu qui casse les prix
À partir de mercredi, les utilisateurs découvriront une nouvelle flotte d’engins couleur « corail » de l’opérateur VOI. L’entreprise née à Stockholm (Suède), déjà implantée à Saint-Quentin-en-Yvelines, Le Havre (Seine-Maritime) ou Marseille (Bouches-du-Rhône), propose des vélos neufs et des prix agressifs.
« Nous serons 30 % moins chers que nos concurrents », annonce Thibaut Chevalier, le directeur général de VOI France. Cadeau bonus : les trois premiers trajets VOI seront offerts au mois d’octobre.
Des vélos plus légers, et bientôt équipés de sièges pour enfant
Chaque opérateur a investi pour proposer un type de vélo moins lourd, et plus facile à manipuler. Objectif : attirer un public plus féminin, et des personnes âgées, pour qui le côté massif de ces vélos, pesant aujourd’hui près de 40 kg, est un obstacle.
VOI et Dott déploieront une nouvelle génération de vélos conçus par le constructeur Ninebot. Plus léger, plus fin, doté d’un panier en métal, cet engin accueillera aussi des batteries de meilleure capacité.
Le franco-néerlandais Dott, qui a fusionné avec TIER en 2023, va déployer une nouvelle flotte cette année. DR
Lime, lui, a lancé au printemps 500 vélos d’un nouveau type. Plus bas, avec des roues plus petites et une batterie placée à l’arrière, ce « Lime Bike » est pensé pour les « petits gabarits ».
Enfin, les trois acteurs travaillent sur l’équipement de vélos avec de sièges pour enfant. VOI compte en installer sur 10 % de sa flotte d’ici la fin de l’automne. Lime et Dott eux aussi ont testé cette solution adaptée aux parents.
Des rentrées financières en hausse pour la Ville ?
Le nouveau contrat d’occupation du domaine public (CODP) prévoit par ailleurs que chaque signataire reverse une redevance, indexée sur son activité. « Jusqu’ici, les deux exploitants Lime et Dott reversaient environ 600 000 euros à la Ville, pour un parc de 9 000 vélos chacun. À partir de 2026, cette somme, pour les trois opérateurs, devrait atteindre 4 millions d’euros », évalue David Belliard.
Cette nouvelle équation n’est pas du goût de Lime et Dott, qui voient leurs chiffres d’affaires réduit avec la chute du nombre de vélos autorisés. « La réduction de la flotte Lime à 6 000 vélos prévue par la mairie, contre 9 000 actuellement, risque de poser un réel problème de disponibilité et de fiabilité du service pour les utilisateurs, chaque jour plus nombreux sur notre plate-forme », regrette Hadi Karam, directeur général de Lime Europe de l’Ouest.
« Ce nouveau contrat prévoit une augmentation du nombre de vélos en circulation, en fonction de l’usage, poursuit-il. En tant qu’acteur historique et face à l’engouement inégalé pour les vélos Lime, nous espérons travailler main dans la main avec la Ville et pouvoir faire évoluer la taille de notre flotte en conséquence. »