Été 2025. Sur les radars, un avion descend vers la Sardaigne. Le jet privé de Max Verstappen se pose sur l’île italienne où Toto Wolff profitait incidemment d’une parenthèse salée entre deux Grands Prix. Alors que le soleil brûlant de Sardaigne se reflétait sur la mer Méditerranée, le directeur de l’écurie Mercedes et le champion de Red Bull sont immortalisés en pleine discussion par les paparazzis. Les rumeurs bruissaient déjà depuis plusieurs semaines autour de tensions internes au sein de l’écurie autrichienne, qui peinait en plus sur la piste, loin du niveau de performance qui avait permis à Max Verstappen de décrocher quatre titres d’affilée : une opportunité que Mercedes semblait vouloir s’empresser de saisir pour attirer le champion dans ses filets. Cette virée en yacht paraissait donc avoir noué les prémices d’un futur commun entre le le pilote Red Bull et la formation de Brackley. De facto, cela aurait compromis par ricochet l’avenir du rookie Kimi Antonelli, le plus à même d’être écarté pour céder sa place au légendaire néerlandais.
Verstappen – Russell : naissance d’une rivalité dangereuse
Un tel scénario aurait ouvert la voie à un duo explosif réunissant George Russell (Mercedes) et son meilleur ennemi. Une perspective probablement peu réjouissante pour le Britannique, qui s’est frotté – de trop près parfois – plus d’une fois au féroce tenant du titre. Leur histoire tumultueuse trouve ses racines au GP du Qatar, l’an dernier, après une première tension au GP d’Azerbaïdjan 2023 suite à un contact dans le premier tour de la course sprint. En qualifications à Losail, Max Verstappen fait l’objet d’une enquête pour avoir roulé lentement afin de perturber le tour de George Russell. Il écopait alors d’une pénalité sur la grille de départ, suite aux plaintes de son adversaire auprès des commissaires de course. « Je me suis rendu à plusieurs reprises dans cette salle de réunion [des commissaires] au cours de ma carrière, avec des personnes avec lesquelles j’ai couru. Je n’ai jamais vu quelqu’un essayer de nuire autant à quelqu’un d’autre, martelait Verstappen. J’ai perdu tout respect pour lui. »
Il aurait ensuite menacé le Britannique de le percuter volontaire en course, selon la version du pilote Mercedes, livrée à Abu Dhabi, quelques jours après l’incident qatarien. Une menace qui sera mise à exécution quelques mois plus tard au GP d’Espagne 2025. « Chaque fois que les choses ne se passent pas comme il le souhaite, il se met en colère de manière injustifiée et frôle la violence, s’indignait l’ancien pilote Williams à Abou Dhabi, en décembre dernier. Nous l’avons vu au Brésil par le passé avec [Esteban] Ocon (qu’il a poussé à plusieurs reprises dans le Parc fermé après un accrochage en course, Ndlr). Nous l’avons vu en 2021 avec Lewis [Hamilton], au Mexique avec Lando Norris (Verstappen a écopé de deux pénalités de 10 secondes pour des défenses agressives sur le pilote McLaren, Ndlr). Puis à Budapest, alors qu’il ne disposait pas de la voiture la plus performante, il a percuté Lewis Hamilton, critiquant violemment toute son équipe. » L’atmosphère était donc glaciale lors du dîner annuel des pilotes à Abou Dhabi, les deux hommes s’ignorant royalement, assis chacun à une extrémité de la table.
La menace Verstappen se matérialise à Barcelone
Alors que le feu entre les deux compétiteurs semblait n’être plus que braises, le Grand Prix d’Espagne 2025 a fait ressurgir une agressivité que l’on pensait apaisée. Après la neutralisation de la course suite à la casse moteur d’Antonelli, Max Verstappen était chaussé de gommes dures à la reprise, peinant à trouver son rythme alors que ses rivaux en piste roulaient en pneus tendres. George Russell tentait alors de dépasser le champion du monde mais n’y parvenait pas, Verstappen quittant la piste pour protéger sa position. Prié par son ingénieur de rendre la position, il freine, laisse passer Russell, avant d’accélérer soudainement er de percuter volontairement la W16 n°63. Un geste peu fair-play, reconnaîtra-t-il à froid.
Un tandem pareil se serait donc révélé foudroyant, à l’instar d’Alain Prost et Ayrton Senna, reconnaît le directeur de l’écurie Mercedes. La perspective d’un tel chaos a refroidi l’Autrichien. «Si vous avez un duo Russell/Verstappen, c’est un peu comme Prost/Senna, non ? » s’interrogeait Wolff.
Max Verstappen n’ira (toujours) pas chez Mercedes en 2026
Toto Wolff mise depuis longtemps sur le Néerlandais. En 2014 déjà, il voulait le recruter dans le programme junior de Mercedes. Une offre rejetée par Verstappen qui décidait à l’époque d’avancer avec Red Bull. Wolff est une nouvelle fois contraint d’abandonner son projet cet été, du moins pour le moment. Le contrat du tenant du titre court effectivement jusqu’en 2028. Le Viennois se disait pour sa part présentement satisfait de ses effectifs. « Tout cela relève plutôt, disons, d’idées ambitieuses et peu probables. Je veux en effet rester avec Kimi et George tel que c’est actuellement » confessait-il au GP de Belgique. Cette conversation « devait [néanmoins] avoir lieu » défend le directeur de l’écurie. La rencontre méditerranéenne des deux hommes relevait donc plutôt de la sphère privée, révélait Wolff : « C’était plutôt sur un plan personnel, déclare-t-il. Nous n’avons pas vraiment discuté de grands sujets sportifs durant l’été » On est en droit d’en douter…
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À l’heure ou Max Verstappen peut mathématiquement réaliser l’un des meilleurs comebacks du sport, Toto Wolff temporise. « Je pense qu’il faut toujours rester les pieds sur terre et humble » nuance-t-il. L’Autrichien note toutefois que la lutte pour le titre est encore ouverte. « Il a eu une bonne série. La voiture est bonne, et Max Verstappen, il faut toujours se méfier de ce qu’il peut accomplir. Surtout s’il voit que c’est de nouveau possible, concède le mari de Susie Wolff. C’est un coup de dés. » Le tenant du titre accuse toujours soixante-neuf points de retard sur Oscar Piastri, leader du championnat. Un tel retour friserait le miracle, mais tout peut encore basculer.