Par
Maréva Laville
Publié le
30 sept. 2025 à 10h02
La date du 29 septembre 2025 résonnait dans toutes les auto-écoles syndiquées de Toulouse. Elles ont été appelées, si elles le peuvent, à manifester à Paris pour la première fois de manière conjointe avec les inspecteurs. Leur cheval de bataille ? Les délais de passage à l’examen du permis de conduire beaucoup trop longs.
Entre 4 et 6 mois d’attente entre deux passages
« Surtout lorsqu’il y a un échec ! C’est entre quatre et six mois d’attente en fonction du nombre de formateurs pour pouvoir repasser l’examen », explique Yann Thomas, élu au niveau départemental du syndicat des métiers de l’automobile, Mobilians, et patron de deux auto-écoles à Toulouse et Saint-Paul-sur-Save. C’est moins qu’en Île-de-France où il faut patienter entre six et huit mois, mais c’est tout de même élevé. « Les délais ne cessent d’accroître ».
L’affaire concerne essentiellement les élèves qui passent le permis B classique, sans conduite supervisée ni conduite accompagnée. Ceux-là sont un peu plus de 50 % à rater leur premier passage à l’examen, tandis que 80 % des conducteurs accompagnés l’obtiennent haut la main. Et c’est là que le bât blesse…
Les candidats aux permis B classique de plus en plus nombreux
Les amateurs de la formule classique – mais plus rapide – sont de plus en plus nombreux. Après la pandémie de Covid, deux nouveaux profils se sont ajoutés aux étudiants lambda et conduites accompagnées : les très jeunes, pouvant désormais passer le permis à 17 ans, et les candidats passés par leur compte professionnel de formation (CPF).
« Plutôt que de passer le permis à 18 ans en même temps que le bac, les jeunes préfèrent anticiper. On a une augmentation de 30 à 40 % de très jeunes inscrits », explique Yann Thomas, directeur de Stop Auto-école. Et puis de l’autre côté de la majorité, il y a ceux qui ne s’étaient pas lancés dans l’aventure du permis de conduire, faute de moyens étant plus jeunes. Ils profitent dorénavant du compte CPF pour s’offrir le précieux papier.
Vidéos : en ce moment sur ActuLe compte CPF, machine à permis de conduire ?
C’est le cas de Grégory, interrogé par Actu Toulouse. À 25 ans, ce jeune gérant en restauration, a clairement saisi l’opportunité du compte CPF pour passer son permis cette année. Sésame pour déménager en périphérie de Toulouse et se rapprocher de son travail.
Vu les prix pour passer le permis, sans CPF, je me serais passé de le faire. Et je pense que je ne suis pas le seul, d’autant plus qu’on habite dans une grande ville donc ce n’est pas la priorité. Là, j’ai dépensé que 100 € sur les 1 600 € de formation grâce à mon compte.
Grégory
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À ce prix, le jeune actif s’est même accordé le maximum : un forfait de 30 heures. La moyenne, en réalité, pour apprendre à conduire dans une ville comme Toulouse où piétons, trottinettes, cyclistes et voitures cohabitent.
Il a bien fait de voir large. Car celui qui a obtenu son code de la route au mois de mai doit encore patienter jusqu’à la mi-octobre pour tenter l’examen. « J’ai dû attendre deux mois déjà pour trouver un moniteur [via une application], et après mes 20 heures de conduite, j’avais une date le 18 septembre, mais elle a été annulée à cause des manifestations », raconte Grégory.
Lui, a eu de la chance et a pu reprogrammer son examen un mois plus tard, tout en continuant à écouler ses heures de conduite. Mais tous ne peuvent pas en dire de même.
« Certains roulent sans permis en attendant »
Faute de place, certains doivent attendre jusqu’à six mois. Et payer, de nouveau, des heures de conduite, dans le cas où ils ne pourraient pas passer en conduite supervisée….
Six mois, c’est beaucoup pour celui qui a besoin de son permis pour trouver un travail ! Résultat, certains roulent sans permis en attendant.
Yann Thomas
élu Mobilians au département de Haute-Garonne
Une vingtaine d’inspecteurs à Toulouse (seulement)
La Ville rose compte 22 inspecteurs. Un nombre qui ne répond pas à la demande. « Tous ne sont pas à plein temps et à plein temps, ça correspond à 10 ou 12 places par jour. Par rapport au nombre d’inscriptions, ce n’est pas suffisant ! », blâme le gérant d’écoles de conduites toulousaines. « Voilà pourquoi les auto-écoles disent ‘ça suffit !’ »
Et elles ne sont pas les seules. Les inspecteurs aussi dénoncent un système « à la limite de l’implosion ». Si 102 postes ont été pourvus cette année au niveau national, « ça ne reste qu’une ou deux personnes de plus sur Toulouse », glisse l’élu syndical. Encore pas assez…
Lui serait davantage partisan de trouver d’autres solutions. Commencer la conduite accompagnée à 14 ans ou, a minima, ouvrir la conduite supervisée aux candidats de 17 ans – contre 18 ans actuellement, NDLR -, par exemple. Une manière temporaire de se déplacer, en attendant une prochaine date d’examen. À condition d’avoir un accompagnateur et une voiture…
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