À en juger par la répartition géographique des datacenters, compilée par le site spécialisé Cloudscene, la domination américaine a encore de beaux jours devant elle. Sur les 11 800 datacenters en activité, plus de 5 400 se trouvent aux États-Unis. Avec 322 datacenters, la France n’arrive qu’en cinquième position, derrière l’Allemagne (529), le Royaume-Uni (523), la Chine (449) et le Canada (337). Elle fait toutefois beaucoup mieux que le Japon (222) et devance de peu l’Australie (314) et les Pays-Bas (298).

Mais le paysage peut vite évoluer, alors que les multinationales injectent des centaines de milliards dans la construction de nouveaux datacenters, et que les gouvernements rivalisent d’arguments pour les accueillir. De ce point de vue, l’électricité décarbonée et abondante dont dispose la France, grâce à son parc nucléaire, est un atout non négligeable. Au printemps, le fonds émirati MGX s’est associé au champion français Mistral, ainsi qu’à d’autres acteurs hexagonaux, pour créer un campus de l’IA. Implanté en région parisienne, ce dernier devrait être doté d’un datacenter d’une capacité de 1,4 GW – soit presque autant que la production électrique de la centrale nucléaire de Flamanville. Le premier coup de pioche devrait être donné en fin d’année prochaine.

D’autres projets de datacenters hyperscale sont également dans les tuyaux, à commencer par la construction par Microsoft d’un datacenter près de Mulhouse (Haut-Rhin), pour un coût estimé à deux milliards d’euros, ou l’ouverture par Google de son premier datacenter dans l’Hexagone, a priori près de Châteauroux (Indre).

320 milliards investis par les géants américains

En Europe, c’est toutefois l’Espagne qui semble actuellement tirer son épingle du jeu : rien qu’entre le printemps et l’automne 2024, plus de 34 milliards d’euros d’investissements ont été annoncés dans la péninsule pour la construction de datacenters, principalement en Aragon.

Pour spectaculaires qu’ils soient, ces investissements ne représentent pourtant qu’une fraction des sommes faramineuses déboursées par les géants de l’IA, dans l’espoir de devenir le leader mondial du secteur. Meta, Amazon, Alphabet et Microsoft ont prévu de dépenser cette année 320 milliards de dollars (272 milliards d’euros) en infrastructures, dont une bonne partie dans la construction de gigantesques datacenters aux États-Unis.