Ils ont fait leur apparition ces derniers jours, en même temps que l’automne. Des portraits, huit précisément, garnissent désormais de nombreux panneaux d’affichage de Strasbourg. Un choix de la municipalité écologiste avec un message précis : « la douceur de ville » de la capitale alsacienne pour les seniors. Alors Danièle, Oogesh, Jean-Pierre, Monique, Pierre, Aline, Nadia et Nacera, tous âgés de 66 ans ou plus, ont été choisis pour poser.
Mais un portrait a retenu davantage l’attention que d’autres. Celui de Nacera car… elle y porte un hijab, un voile islamique, de couleur jaune ici. Cela n’a pas échappé à certains, même non Strasbourgeois. Sur X, la militante féministe identitaire Alice Cordier a très rapidement dénoncé « une maire de la honte qui affiche une femme portant un symbole d’oppression et d’inégalité. » Et le débat a gagné les réseaux sociaux ce week-end, jusqu’à certains plateaux de télévision.
Par ricochet, la polémique a gagné Strasbourg, sur fond de campagne pour les municipales. Sur Facebook, la socialiste Pernelle Richardot, a vu dans cette affiche « une stratégie politique délibérée de la municipalité visant à créer une polarisation artificielle » et dénoncé « un calcul électoral des plus cyniques ».
De quoi faire réagir au sein même de la majorité. Jusqu’au premier adjoint de la maire Jeanne Barseghian, Syamak Agha Babaei. « Je lis avec sidération les leçons de morale d’une élue du Parti socialiste local », a-t-il écrit, lui aussi sur son compte Facebook. « Moi je vois l’affiche de Nacera, 66 ans, réalisée dans le cadre d’une campagne de valorisation de nos aînés(e) s. Certains s’en offusquent ? Moi, j’y vois Strasbourg : un sourire lumineux, une histoire de travail, de soin, de dévouement. Des femmes comme Nacera, Fatma-Zohra, Aïcha, Zahia… ont gardé nos enfants, nettoyé nos écoles, accompagné nos aînés, souvent loin de leur pays d’origine, parfois sans les mots de notre langue, mais avec la force tranquille de celles qui tiennent la société debout. Elles sont aussi mes collègues à l’hôpital, invisibilisées mais sans qui vous ne seriez pas soignés. Les afficher fièrement en ville, ce n’est pas “faire polémique”, c’est rendre justice. Strasbourg est leur ville autant que la nôtre. Ici, on honore les trajectoires discrètes, on célèbre celles et ceux qui ont fait de nous une communauté. À celles et ceux qui attisent la colère et divisent : nous opposons la reconnaissance et l’unité », a-t-il longuement développé.
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Fin de l’histoire ? Non puisque Pernelle Richardot lui a encore répondu. « La dame sur la photo a l’air tout à fait sympathique. Je précise d’emblée : ce post ne porte pas sur la question du voile dans l’espace public, mais bien sûr le prosélytisme de la municipalité Barseghian qui, aveuglée par son clientélisme, mobilise son budget pour mettre en avant une religion à Strasbourg. Je serais choquée de la même manière si les affiches présentaient une croix ostensible ou une kippa […] Mais certainement y a-t-il derrière ce nouveau dérapage une seconde intention plus vicieuse, celle d’accentuer les clivages et de dresser les Strasbourgeois les uns contre les autres […] Ce que ce panneau illustre c’est que le pire prosélytisme n’est pas religieux, il est politicien », a publié cette proche de Catherine Trautmann, pressentie pour briguer un nouveau mandat mais qui n’a officiellement pas présenté sa candidature.
De leur côté, Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) et Pierre Jakubowicz (Horizons), qui sont eux déjà lancés dans la campagne, n’ont pas réagi. Le sujet n’a pas non plus été évoqué lundi pendant le conseil municipal.