On sait que le thème de la sécurité sera au cœur de la campagne des élections municipales des 15 et 22 mars 2026. À Bordeaux, depuis plusieurs mois, elle est déjà au menu de quasiment toutes les séances du Conseil municipal. Ce mercredi 30 septembre, le ton est monté. Alors qu’il se félicitait des résultats de sa politique en matière de sécurité, le maire écologiste Pierre Hurmic a été sévèrement accroché par son opposition.

La délibération 246 sur « l’indemnité spéciale de fonction et d’engagement des agents de la filière police municipale » avait tout du baril de poudre. Il a sauté dès les premiers échanges. La majorité a décidé d’augmenter la part variable de l’indemnité des policiers municipaux, une mesure permise par décret depuis 2024. « Que de temps perdu, c’est une demi-mesure, une goutte d’eau », ironise Catherine Fabre (Renaissance), affirmant que l’indemnité pouvait être portée au maximum depuis un an, ce qui aurait marqué l’engagement de la municipalité auprès de sa police. « Il faut armer tous les policiers, les aider à se loger. Le compte n’y est pas », ajoute-t-elle.

Adjoint chargé de la sécurité, Marc Etcheverry lui rappelle que le préfet en personne a félicité le maire, en juin dernier, pour ses efforts en matière de sécurité. Il égrène les réalisations : rémunération des policiers augmentée de 20 % depuis 2020, armement d’une brigade d’intervention, création d’une école de la sécurité…

« Je suis choqué »

L’opposition crie alors à l’autosatisfaction. « Je suis choqué par ce que j’ai entendu, lance le député Renaissance Thomas Cazenave, vous dites dans les médias que la délinquance a baissé depuis 2019. J’ai repris les chiffres publics : + 85 pour les coups et blessures, + 52 % pour les vols avec arme, + 30 % pour les stups. Écoutez les Bordelais pour comprendre qu’ils attendent des réponses plus fermes. Il y a 70 postes vacants dans la police municipale, il faut rallumer l’éclairage dans toute la ville, nous avons besoin d’une rupture. »

« Je suis l’un des maires qui a le plus investi sur la sécurité. Par rapport à 2019, la délinquance a baissé de 4 % », répond Pierre Hurmic, qui dénonce « des propos démagogiques », taxe l’opposition de « trumpisme », et finit par lui reprocher de courir « après le RN ». Bronca dans l’hémicycle. Ses propos sont jugés « odieux » par Catherine Fabre. « La question de la sécurité n’est pas bien abordée, c’est ça qui fait pousser le RN. Je n’étais pas d’accord pour l’armement de la police, j’ai évolué. La lumière doit être rallumée les rues, ce n’est pas possible que vous n’entendiez pas ça ! », tempête Alexandra Siarri, l’ex-adjointe de Juppé qui brigue la mairie avec Thomas Cazenave.

Les esprits s’échauffent. Marc Etcheverry demande à Cazenave combien de policiers il veut, « 300 ? 400 ? C’est faire fi des réalités budgétaires, pas étonnant au regard de ce qui s’est passé à Bercy » quand l’opposant était ministre des comptes publics. Les échangent s’achèvent par une suspension de séance. Mais c’est certain, le sujet reviendra.