Fini, à compter du 31 octobre, les ballets des fourgons et camionnettes de messageries, à longueur de journée, dans le secteur borné de l’hyper-centre bordelais. Ces livraisons, à imputer pour l’essentiel au commerce en ligne, avaient l’habitude de circuler au-delà du créneau 6-11 heures, horaire auxquels sont cantonnées les livraisons des boutiques. Une nouvelle distillée au Conseil municipal, ce mardi 30 septembre, au détour d’échanges sur la situation du commerce de centre-ville.

Par la petite lorgnette d’une délibération attribuant la billetterie du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire, dont Bordeaux sera l’hôte fin octobre, les oppositions de droite et du centre ont tout remis sur la table : l’éventualité d’une taxe sur les friches commerciales, reversée aux débats du frémissant Office de commerce, l’expérimentation espérée de l’encadrement des loyers commerciaux, le tout sur fond de vacance commerciale en hausse, « de 4,5 à 7,6 % entre 2018 et 2024 », relève Nathalie Delattre, ministre déléguée au tourisme démissionnaire. « Vous dites hausse contenue, mais ça semble un déni de réalité », oppose celle qui est aussi candidate aux municipales.

Concurrence frontale

Et de citer, entre autres difficultés traversées par le petit commerce, la problématique des livraisons, vécue comme une concurrence frontale « avec les grandes plateformes en ligne ». « Je vous proposais d’inverser les choses, rien n’a changé. » Plus loin, Thomas Cazenave lui emboîte le pas, non sans dresser lui aussi le tableau d’une « vacance commerciale qui explose » et pointer la livraison de la vente en ligne 24h / 24 quand, « à 11 h 01 », l’approvisionnement des commerces est interdit.

Celui qui est aussi candidat aux municipales est exaucé sur-le-champ. « Le 31 octobre, nous mettrons fin aux livraisons de messageries » dans le secteur borné, annonce Didier Jeanjean, adjoint en charge de la nature en ville et des quartiers apaisés. La décision était dans les tuyaux depuis le printemps et l’interpellation des commerçants du Village Saint-Paul Grosse Cloche. « Paris ne s’est pas fait un jour », plaide-t-il, revendiquant une politique d’accompagnement, ne serait-ce que pour permettre aux transporteurs de remettre à plat leurs tournées.

Comité de régulation

L’adjoint qui reçoit, ce mercredi 30 septembre, « les principales fédérations de transporteurs » souligne au passage l’existence d’un comité de régulation à l’intention des professionnels, artisans, ou transporteurs, qui interviennent à Bordeaux, et ce n’est pas une sinécure, « pour nous permettre d’adapter la règle » au cas par cas de stationnement. « Tout ce que j’évoque se fait en cohésion avec la Chambre du commerce et d’industrie, la Chambre des métiers, la Fédération du bâtiment, et tous les indépendants qui ne rentrent pas dans ce spectre. »

« Si on porte ce sujet en Conseil, c’est parce que les commerces voient passer le livreur UPS, et ça crée une tension énorme », reprend Thomas Cazenave, qui passe outre ce comité de régulation pour mieux décrire le « mur technocratique » auquel se heurtent les commerçants. Mais, devant l’entrée en vigueur d’un même créneau de livraison pour tous, il donne acte au maire Pierre Hurmic qui « à l’approche des municipales, semble prendre la mesure » des problématiques du commerce.

« Dans la dentelle »

Anne Fahmy, elle aussi conseillère d’opposition Renaissance, le dit avec une pointe de persiflage : « Je vous remercie de cette information, j’entends qu’au 31 octobre, tout sera réglé. » Elle ne se contente pas de « sortir des exceptions » : « Est-ce que vous êtes prêt à donner un badge par commerçant pour passer les bornes d’accès ? » « Ce n’est pas vous ni moi qui allons décider ici de la méthode. Il a y autant de cas particuliers que de cas de commerçants », oppose Didier Jeanjean. « C’est pour ça que nous avons mis en place ce comité de régulation, au sein duquel plusieurs techniciens sont à mêmes de trouver les bonnes solutions. »

Au maire de reprendre la parole, pour convenir que les livraisons dans cette zone ne sont pas idéales, dommage collatéral, insiste Pierre Hurmic, de l’extension à marche forcée du secteur borné de la ville, de 172 à 259 hectares. « Cela pose des problèmes d’ajustement, les commerçants sont en train d’essuyer les plâtres. Nous entendons les difficultés, c’est pour ça qu’on essaie de faire dans la dentelle. »