La suite après la publicité
France 2, France 3, France 4 et France 5 ont disparu de l’écran. Ou plutôt leurs logos, remplacés par une seule et même bannière : « france.tv ». La mesure, annoncée le 25 mars 2025 par Delphine Ernotte lors d’une conférence de presse à laquelle Puremédias avait assisté, est entrée en vigueur le 6 juin dernier. Concrètement, « cela signifie que demain, quand vous regarderez le ’20 Heures’ de France 2, vous ne verrez plus en haut à droite un .2 mais vous retrouverez la dénomination france.tv », avait-elle expliqué.
« C’est passé comme une lettre à la poste »
Cette « petite révolution », selon les mots de la présidente de France Télévisions, a été accélérée par le regroupement des chaînes publiques décidé par l’Arcom en janvier 2025. Depuis, les antennes se succèdent désormais du canal 2 au canal 5, Franceinfo prenant place sur le canal 16. « Ce regroupement des antennes publiques nous a permis de faire, peut-être plus vite qu’anticipé, cette révolution de la marque média unique », avait-elle justifié. Pour autant, les appellations historiques ne disparaissent pas totalement : on les retrouve dans les programmes télé ou encore lors de la diffusion des sommaires du soir.
Restait une question : comment les téléspectateurs ont-ils accueilli ce changement ? Interrogée par Puremédias au Festival de la fiction de La Rochelle la semaine dernière, Delphine Ernotte s’est voulue rassurante : « Les téléspectateurs savent très bien où ils sont. Ils n’ont pas du tout été perturbés. Ça s’est passé de manière totalement, sans aucun incident. C’est fait. J’avais déjà oublié que c’était un sujet ».
« On a dû avoir 180 sollicitations de téléspectateurs les premières semaines, sachant qu’on en a 800 quand on déprogramme ‘Un si grand soleil’. Ce n’est donc rien. Ce n’était pas du tout sur le fait qu’on ait un logo unique mais sur la taille du logo qu’ils trouvaient un peu trop. Ce n’étaient que 180 personnes donc on ne s’est pas affolés. C’est passé comme une lettre à la poste », insiste-t-elle.
L’exemple est d’ailleurs parlant : « Un si grand soleil » avait justement été déprogrammé ce vendredi 19 septembre sur France 3, remplacé par la demi-finale de la Coupe du monde féminine de rugby entre la Nouvelle-Zélande et le Canada. Les fans du feuilleton quotidien ont dû patienter jusqu’au lundi 22 septembre pour retrouver deux épisodes successifs, ou découvrir l’inédit dès ce week-end sur… france.tv.
Une manière pour la dirigeante d’insister sur la force de la marque france.tv, devenue en quelques années l’axe central de la stratégie du groupe. Ce vendredi, lors d’une nouvelle conférence de presse à La Rochelle pour présenter la saison 2025/2026 de la fiction, elle a souligné : « La fiction sur nos antennes, c’est essentiel. Vous le savez sur les antennes traditionnelles, mais aussi sur France.tv qui est désormais notre principale antenne. Le numérique a autant cru à France Télévisions aujourd’hui grâce à l’excellence de la fiction. »
Les chiffres lui donnent raison : « France.tv peut se réclamer de la première plate-forme de streaming gratuite avec, le mois dernier encore, 46 millions de visiteurs par mois. C’est encore plus haut que le record battu lors des Jeux olympiques de Paris » se félicite Delphine Ernotte.
Des productions comme « Rivages » ou « Surface » illustrent cette bascule vers le délinéaire. La première a réuni 4,2 millions de téléspectateurs en moyenne à J+8 grâce à une forte consommation en preview et replay, tandis que la seconde, avec Tomer Sisley et Laura Smet, a signé un lancement record avec 5,56 millions de téléspectateurs en moyenne, dont près de la moitié via france.tv.
Un contraste saisissant avec dix ans plus tôt, quand la mini-série « Disparue » réunissait l’essentiel de son public devant France 2 en direct. Désormais, le succès d’une série se mesure autant – sinon plus – sur la plateforme que sur la diffusion linéaire. Et c’est bien pour incarner ce virage que la présidente du groupe assume la disparition des logos historiques : moins d’identités dispersées, plus de lisibilité autour d’un seul nom, france.tv.