Par
Ivan CAPECCHI
Publié le
30 sept. 2025 à 17h46
Lors du dernier conseil municipal de Strasbourg, les élus ont voté pour la mise à disposition gratuite d’un terrain pour y implanter un centre d’hébergement d’urgence temporaire. Des élus d’opposition critiquent un manque de concertation, l’emplacement choisi et l’argent investi dans des installations éphémères.
Un centre d’hébergement d’urgence à la Montagne Verte
Le terrain se situe dans le quartier de la Montagne Verte et il doit être cédé au profit de Caritas, une association qui lutte contre la pauvreté et l’exclusion.
Ce projet s’inscrit dans la politique d’« habitat intercalaire » initiée en 2022 par la mairie écologiste dans le but de mobiliser des terrains vacants à des fins sociales.
Un lieu capable d’accueillir jusqu’à 80 personnes
Sur ce site, Caritas installera des modules préfabriqués à deux niveaux, comprenant environ 20 logements et une salle commune, capables d’accueillir jusqu’à 80 personnes, essentiellement des familles bénéficiaires de la protection internationale*.
Les séjours seront prévus pour six mois, renouvelables deux fois, afin de favoriser un accompagnement vers l’emploi et un logement durable.
Un projet sur 10 ans maximum
Le projet se veut respectueux de son environnement : « L’association propose la structure la moins haute (un immeuble de deux niveaux) garantissant une meilleure intégration dans l’environnement. L’ensemble des bâtiments seront démontés au terme du projet, ce qui permet de ne pas imperméabiliser ce terrain situé en ceinture verte. Concernant l’impact au sol, le retrait de l’ensemble des éléments bâtis et/ou imperméables sera exigé », peut-on lire dans le recueil des délibérations.
L’occupation du site sera limitée à dix ans maximum.
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L’opposition dénonce un manque de concertation, la majorité conteste
Lors de sa prise de parole, l’opposant Pierre Jakubowicz, candidat aux prochaines élections municipales, a dénoncé un « manque de concertation » concernant ce projet.
Une accusation rejetée peu après par Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge de la ville inclusive, qui a rappelé les différentes rencontres organisées en présence des habitants.
L’emplacement critiqué
Pierre Jakubowicz critique aussi l’emplacement choisi, dans un « quartier faisant face à de nombreux problèmes de sécurité, sur un terrain très pollué, situé sur la ceinture verte ». « Implanter ce projet entre deux quartiers prioritaires – l’Elsau et la Laiterie – va à rebours de l’objectif de mixité sociale », a ajouté son homologue Céline Geissmann.
« Certains opposants instrumentalisent la peur pour dresser les habitants les uns contre les autres, en associant, sans preuve, l’arrivée de personnes exilées à une montée de l’insécurité, c’est un procédé politique honteux », a rétorqué Joris Castiglione, membre de la majorité.
Trop d’argent pour un projet éphémère, dénonce l’opposition
« Plus globalement, nous regrettons votre choix de poursuivre l’implantation très coûteuse d’hébergements éphémères, au lieu d’investir dans des structures pérennes », a par ailleurs dénoncé M. Jakubowicz. « Après les 480 000 € pour les tiny houses de la Robertsau, voici 10 millions d’euros pour l’installation d’une structure modulaire qui sera démontée dans 10 ans. Combien de places pérennes aurait-on pu ouvrir avec cet argent ? », a-t-il questionné.
D’après Suzanne Brolly, adjointe en charge de la ville résiliente, ces 10 millions d’euros correspondent à des coûts de fonctionnement pris en charge sur plusieurs années par l’État. S’agissant de la Ville, les dépenses se limitent à la dépollution du site – « ce qui est utile à long terme et bénéfique pour la nappe phréatique » – et à la mise à disposition gratuite du terrain.
À l’issue des débats, 47 élus ont voté pour et 7 contre, dont Pierre Jakubowicz.
*La protection internationale désigne le statut accordé aux personnes qui fuient leur pays parce qu’elles y risquent des persécutions ou des violences graves.
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