Un monochrome monumental, signé Yves Klein, sera mis en vente chez Christie’s Paris en octobre pour une estimation de plus de 16 millions d’euros.
Alors que le mois d’octobre sera rythmé par la Paris Art Week et la foire international Art Basel, Christie’s Paris annonce déjà son temps fort de la saison, avec une œuvre imposante de l’artiste moderne Yves Klein (1928-1962), proposée lors de la vente du 23 octobre intitulée « Avant-Garde(s) including Thinking Italian ». Aux côtés de chefs-d’œuvre de Morisot, Soulages et Renoir, California (IKB 71) s’impose comme la pièce maîtresse de la vente, le plus grand monochrome d’Yves Klein issue d’une collection privée jamais présenté sur le marché. Pour cette première vente aux enchères, l’œuvre est déjà estimée à plus de 16 millions d’euros.
Une étude de bleu
Par ce bleu outremer, qui insuffle à ses toiles une impression de lévitation, Yves Klein cherchait à capturer toute la luminosité et l’intensité du pigment dans son aspect le plus pur. C’était pour lui une manière de rendre hommage à l’immensité du bleu du ciel, qu’il considérait comme la première et plus belle de ses œuvres. Avec California (IKB 71), l’artiste dévoile le sommet de ses recherches autour de cette pigmentation.
Yves Klein (1928-1962), California (IKB 71), 1961, pigment pur et résine synthétique sur toile montée sur panneau, 196 x 421 cm © Christie’s Images Limited 2025
« Par la couleur, j’éprouve une identification totale avec l’espace ; je suis réellement libre », avait déclaré le peintre français pour défendre la primauté de la couleur sur la ligne. Le rapport entre Klein et la couleur est intrinsèquement lié, au point où il en a fait le cœur de son art. L’artiste s’est démarqué dès les années 1960 pour avoir breveté la technique avec laquelle il réussit à obtenir l’International Klein Blue, un mélange de pigment et de Rhodopas M, une résine synthétique, proposée par Édouard Adam (grand marchand de couleurs de Paris), qui ne ternit pas la couleur du bleu.
Une surface infinie
Avec ses plus de quatre mètres de longueur, cette œuvre apparaît comme l’un des uniques testaments monochromes de l’artiste aux dimensions aussi colossales. Les seuls tableaux qui la surpassent sont ceux réalisés par l’artiste pour le Musiktheater im Revier (Théâtre musical de Ruhr) de Gelsenkirchen, en Allemagne, qui mesurent cinq à sept mètres de long.
Détails de la surface de la toile California (IKB 71), présentée lors de la vente du 23 octobre chez Christie’s Paris © Christie’s Images Limited 2025
California (IKB 71) invite à la contemplation. Elle est autant une œuvre qu’un espace infini à part entière, un monde dans lequel transparaît l’idéal artistique de Klein. Son monochrome intense révèle de ses intentions premières : oblitérer les frontières pour se propulser dans un lieu immatériel.
Une vente d’exception
D’abord exposée à la Dwan Gallery de Los Angeles, lors de l’unique séjour de Klein aux États-Unis, puis prêtée au Metropolitan Museum of Art de New York de 2005 à 2008, où elle fut montrée au public par la dernière fois, l’œuvre est ensuite restée à l’abri des regards dans une collection privée. Elle fait son grand retour à Paris, où elle est née en 1961, en vue de sa première mise aux enchères.
Pierre Soulages (1919-2022), Peinture 165 x 130 cm, 7 avril 1960, 1960, huile sur toile, 165 x 130 cm © Christie’s Images Limited 2025
« California (IKB 71) d’Yves Klein est un monochrome d’une importance colossale », commente Katharine Arnold, responsable Europe de l’art d’après-guerre et contemporain chez Christie’s. De fait, elle est l’un des joyaux présentés lors de la session de ventes du soir. Christie’s possède actuellement les trois records d’adjudications pour des œuvres de Klein, dont fait partie Anthropométrie de l’époque bleue (ANT 124), vendue en juin 2022 à Londres pour une somme de 27,2 M£ . Avec cette nouvelle œuvre, aux textures marquées qui annonçait déjà les Reliefs planétaires de l’artiste, la maison de ventes compte bien continuer sur sa lancée, avec un résultat final qui pourrait monter jusqu’à plus de 16 M€.
What Inspired Yves Klein?