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Rédaction Paris

Publié le

30 sept. 2025 à 18h16

Jusqu’à deux ans de prison ferme pour être « tombés dans le piège du terrorisme » : six membres du groupe identitaire d’ultradroite AFO ont été condamnés mardi 30 septembre 2025 à Paris pour avoir fomenté des actions violentes visant la communauté musulmane.

« Opérations de représailles » contre les musulmans

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné six autres personnes, dont trois femmes, à des peines allant du sursis à un an de prison ferme. Quatre prévenus ont été relaxés du délit d’association de malfaiteurs terroriste même si une partie est condamnée à des amendes pour détention illicite d’armes. Aménageables, toutes les peines de prison ferme seront effectuées à domicile, avec un bracelet électronique.

En envisageant lors de réunions des « opérations de représailles » contre les musulmans en cas d’attentat, « vous êtes tombés dans le piège du terrorisme en répondant à la terreur par la terreur », a lu la présidente du tribunal aux prévenus, pour la plupart âgés, dont certains étaient absents au délibéré en raison d’ennuis de santé.

Bond spectaculaire des agressions antimusulmans

Le procès, qui s’est tenu il y a trois mois, était intervenu dans un contexte d’augmentation des actes antimusulmans en France : entre janvier et mai 2025, ils avaient grimpé de 75 % par rapport à 2024 (145 contre 83), en majorité des atteintes aux personnes qui ont connu un bond spectaculaire (+209%, de 32 à 99), selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

Parmi les plus lourdement condamnés, à cinq ans de prison dont trois avec sursis, Guy Sibra, 72 ans, était le fondateur d’AFO ; Bernard Sorel, 76 ans, en était le chef de la cellule Île-de-France ; quant à Daniel Raimbault, un ancien militaire de 39 ans, il avait été recruté pour ses connaissances en explosifs.

« Une idéologie raciste »

Mohamed Jaite, l’avocat de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), partie civile, s’est félicité que le tribunal ait entendu que le groupe était mû par le « socle commun » d’« une idéologie raciste, xénophobe ».

Si tous les membres du groupe AFO n’avaient pas forcément « connaissance de projets » violents, les condamnés, arrêtés lors d’un coup de filet en juin 2018, entendaient « préparer ses membres à l’affrontement avec la communauté musulmane », selon le jugement.

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« Le réseau Île-de-France a en particulier vu naître des projets d’attaques » lors de réunions qui étaient « un défouloir d’idées violentes » de personnes exprimant une « préoccupation xénophobe » constante, a lu la présidente : « empoisonnement de nourriture halal », « ciblage de mosquée », etc. L’enquête avait également mis au jour le ciblage d’« imams radicalisés ».

S’entraîner en cas de guerre civile

Se décrivant comme « patriotes », les membres du groupe avaient expliqué à l’audience avoir été surtout intéressés par la formation survivaliste promise par AFO afin de se former et s’entraîner en cas de guerre civile. Tous avaient également nié toute volonté de mener des actions violentes, évoquant des « paroles en l’air », « des fantasmes ».

L’avocat de Daniel Raimbault, Gabriel Dumenil, a salué auprès de l’AFPTV « un jugement équilibré », qui prend en compte « la gravité des faits », « un racisme qui peut être crasse » mais aussi, « la volonté de s’amender » et « la fragilité de certains ».

Il a également relevé le caractère « embryonnaire » des projets d’actions violentes. Même si le tribunal a insisté sur « le délai parfois excessivement bref entre la conception d’un projet et le passage à l’acte » dans les dossiers de justice antiterroriste.

Bernard Sorel « a assumé sa responsabilité » à l’audience il y a trois mois, « par voie de conséquence, il assume la peine qui a été prononcée à son encontre », a de son côté commenté son avocate Daphné Pugliesi. Guy Sibra était absent au délibéré.

Avec AFP

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