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déclin de l’EuropeRéalisation Le Lab Le Diplo

Tribune de H16 – Son blog : https://h16free.com

Avec ce qu’on présente comme des incursions de drones russes en Pologne et en Roumanie, les dirigeants européens paniquent de plus en plus. 

Malheureusement pour eux, les États-Unis n’acceptent plus de les défendre sans contreparties importantes. Le président Trump a en effet déclaré dans un récent message qu’il serait prêt à mettre des sanctions importantes sur la Russie uniquement pour suivre d’éventuelles sanctions fermes posées par les pays européens, et si ces derniers finissent d’acheter du pétrole russe. Pour faire bonne mesure, le chef de l’Exécutif américain souhaite aussi que l’Europe ajuste ses tarifs douaniers (jusqu’à 100 %) contre la Chine.

On comprend la crispation des Européens à l’annonce de ces prérequis : la barre est haute, la trajectoire est raide et la pente glissante, et ce d’autant plus que ne plus acheter de gaz ou de pétrole russes implique aussi de ne pas en acheter au travers de pays intermédiaires comme l’Inde. En d’autres termes, l’administration américaine ne demande rien d’autre qu’une confrontation économique directe des Européens avec la Chine et l’Inde pour continuer de bénéficier d’un soutien américain en matière de défense, soutien qu’on comprend de toute façon limité.

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Pour les Européens, c’est bien évidemment un dilemme impossible à résoudre dans la situation actuelle. Soit ces derniers acceptent les demandes américaines et, en opposition avec deux puissances de plus en plus massives que sont la Chine et l’Inde, se retrouvent assez rapidement complètement isolés de la scène internationale, au moment où l’avenir économique européen n’a jamais été aussi incertain… Soit les Européens, retrouvant une colonne vertébrale et un semblant de courage, décident de refuser mais doivent alors faire une croix sur la protection américaine, depuis la partie la plus visible (armes et contingents en Europe) jusqu’à la partie la plus utile (le renseignement).

Or, l’économie européenne est maintenant si dépendante du reste du monde que prétendre au courage peut rapidement coûter très cher. Ainsi, la Pologne, qui avait fermé sa frontière avec la Biélorussie, prétextant les exercices conjoints que cette dernière fait avec la Russie – interdisant dans la foulée la route ferroviaire pour les exportations chinoises venant en Europe (90 % du commerce ferroviaire entre la Chine et le l’UE passe en effet par la Pologne) – s’est vue contrainte de la rouvrir.

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Cette situation est encore plus problématique alors qu’en face des pays occidentaux, les pays qui forment les BRICS sont en train de se rapprocher : dans ces rapprochements, le signal – bien que faible mais malgré tout visible – d’un réchauffement des relations entre l’Inde et la Chine ne peut être passé sous silence. 

Ces deux pays étaient jusqu’à présent des rivaux autant économiques que politiques, et se disputaient jusqu’à récemment certaines de leurs frontières (avec des escarmouches régulières jusqu’en 2022 au Ladakh). Pourtant, le premier ministre indien Modi est allé à la fête de la victoire de la Chine début septembre, montrant clairement que les efforts faits par les deux pays portent leurs fruits puisqu’il a même pu échanger avec le président chinois.

Au-delà de ces relations bilatérales, il faut en outre rappeler que les relations des ces pays avec la Russie sont bonnes et le fait qu’ils soient désormais capables de mettre de côté leurs différends montre qu’une étape a été franchie.

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Parallèlement à ces rapprochements et cette amélioration visible des relations internationales au sein des BRICS, l’Europe semble définitivement coincée en mode « gesticulations et discours fumigènes » et peine à trouver le moindre plan concret pour sortir de cette situation d’isolement croissant. À ce titre, les réactions de certains Européens à l’assassinat de Charlie Kirk démontrent une fois encore l’absence assez préoccupante de toute vision diplomatique de long terme et une compréhension de la géopolitique internationale actuelle qui serait déjà consternante si elle n’était pas aussi franchement dangereuse tant ce genre d’attitude ne risque pas d’améliorer les relations avec les États-Unis et l’administration Trump.

De surcroît, le président américain a largement critiqué l’ONU pointant son inefficacité. Là où les Européens restent très attachés à l’institution, les États-Unis veulent davantage s’orienter vers des relations bilatérales avec les pays sans passer par ce genre d’organisations internationales. Or sans les États-Unis, la voix des Européens ne peut être que fortement amoindrie face aux puissances émergentes ou plutôt réémergentes que sont l’Inde ou la Chine. 

Le monde post Guerre Froide n’est plus d’actualité, mais l’Europe ne veut pas se résoudre à cette réalité.

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Pour ne rien arranger, les trois pays (France, Allemagne, Royaume-Uni) qui sont médiatiquement placés à la tête d’une coalition de pays européens décidés à mettre en place une « défense européenne » aussi forte que possible face à la Russie sont actuellement en proie à des tensions sociales et politiques majeures : leurs dirigeants font actuellement face à des popularités catastrophiques et des mouvements sociaux se multiplient sur fond d’effondrement économique de plus en plus rapide. 

Emmanuel Macron, ne reculant devant aucune contre-performance, est désormais le président le plus impopulaire de la Cinquième République. De même, les sondages montrent qu’au Royaume-Uni, Reform UK – le parti de Nigel Farage et farouchement opposé à cette tanche molle de Keir Starmer – pourrait devenir le parti avec le plus de sièges au Parlement, et pourrait même potentiellement sécuriser une majorité absolue sans avoir besoin de coalition. Enfin, en Allemagne, l’AfD continue de grimper comme en attestent les récents résultats des municipales

Difficile, dans ce contexte, de prétendre à une crédibilité internationale solide lorsque ces mêmes dirigeants, peu pris au sérieux à l’étranger, sont plus que chahutés dans leurs propres pays…

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne représentent en aucun cas la position éditoriale du Diplomate.

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