L’université Harvard a engagé lundi
des poursuites en justice afin que soit bloquée la décision du
président américain Donald Trump de geler les milliards de
dollars de subventions fédérales qu’elle reçoit, un différend
qui trouve racine dans le refus de l’institution de se plier à
des requêtes de la Maison blanche qu’elle décrit comme
contraires à son indépendance.
Dans un recours déposé auprès d’un tribunal fédéral de
Boston, l’université Harvard reproche au gouvernement américain
de se « servir de la suspension de financements fédéraux comme
levier pour obtenir le contrôle des prises de décision
académiques de Harvard ».
Revenu au pouvoir en janvier dernier, Donald Trump a
suspendu des centaines de millions de subventions destinées à un
certain nombre d’universités américaines, les accusant d’être
contrôlées par l’extrême gauche et leur reprochant ce que la
Maison blanche décrit comme des manquements dans la lutte contre
l’antisémitisme sur les campus.
Les autorités fédérales américaines ont lancé des procédures
de déportation contre plusieurs étudiants étrangers, placés en
détention pour avoir pris part à des manifestations
pro-palestiniennes.
Le département de l’Education a annoncé plus tôt ce mois-ci
geler plus de 2,2 milliards de dollars de subventions perçues
par Harvard après le refus de l’université de se plier à des
requêtes de la Maison blanche, dont la fermeture de ses
programmes de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI).
Dans sa plainte, Harvard reproche à l’administration Trump
d’avoir agi de manière arbitraire et illégale, notamment en
violant le droit à la liberté d’expression qui est inscrit dans
le Premier amendement de la Constitution américaine.
Un porte-parole de la Maison blanche a déclaré que « l’argent
des contribuables est un privilège, et Harvard ne répond pas aux
conditions basiques nécessaires pour avoir accès à ce
privilège ».
Harrison Fields a ajouté dans un communiqué que le « filon
des aides fédérales » apportées à des institutions comme Harvard
allait prendre fin.
Le débat sur l’antisémitisme dans les campus universitaires
américains date d’avant le retour de Donald Trump à la Maison
blanche. Des manifestations étudiantes en soutien aux
Palestiniens ont eu lieu dans des universités à travers les
Etats-Unis à la suite du siège total de la bande de Gaza lancé
par Israël en réponse à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023.
Dès son retour au pouvoir, Donald Trump a entamé des
démarches à l’encontre des plus grandes universités américaines,
leur reprochant d’avoir mal géré les manifestations
pro-palestiniennes et d’avoir laissé l’antisémitisme se
propager.
Mais les contestataires, dont des groupes issus de la
communauté juive, ont dénoncé un amalgame entre antisémitisme et
leurs critiques des opérations militaires d’Israël à Gaza.
Harvard est la première université à engager une procédure
en justice face à la répression menée par Donald Trump.
Le président de Harvard a déclaré dans un communiqué que
l’université continuerait de lutter contre la haine et de
respecter pleinement les lois contre la discrimination. Alan
Garber a accusé Donald Trump d’enfreindre lui-même ces lois avec
les mesures prises en réponse aux manifestations
pro-palestiniennes.
(Jack Queen à New York et Kanishka Singh à Washington; version
française Jean Terzian)