Les États-Unis de Donald Trump, ici le 30 septembre, sont en situation de « shutdown » faute d’accord budgétaire au Congrès.

BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Les États-Unis de Donald Trump, ici le 30 septembre, sont en situation de « shutdown » faute d’accord budgétaire au Congrès.

ÉTATS-UNIS – C’est un énorme camouflet pour Donald Trump. Les États-Unis ont basculé ce mercredi 1er octobre dans une situation de paralysie budgétaire, le fameux « shutdown ». Un ultime vote au Sénat, dans la nuit de mardi à mercredi, pour éviter le gel d’une partie des services fédéraux a échoué.

Faute d’accord au Congrès entre les républicains, camp de Donald Trump, et les démocrates de l’opposition, le budget du gouvernement a ainsi expiré à minuit aux États-Unis – 6 heures en France – et le gouvernement fédéral a cessé de fonctionner.

Conséquence : le Bureau budgétaire du Congrès estime que quelque 750 000 fonctionnaires seront quotidiennement mis au chômage technique, et seront payés rétroactivement une fois un accord trouvé sur le budget. Le trafic aérien pourrait être affecté tandis que le versement de nombreuses aides sociales devrait être fortement perturbé. Cela implique aussi la fermeture de parcs nationaux et de musées.

Des conséquences « irréversibles »

Selon les calculs des analystes de la compagnie d’assurances Nationwide, chaque semaine de « shutdown » pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point de pourcentage.

Avant même le vote au Sénat, chaque camp se rejetait la faute de l’échec des négociations. Les démocrates « veulent tout fermer, nous ne le voulons pas », a ainsi assuré le président Donald Trump depuis le Bureau ovale. Il a aussi fait monter la pression en assurant que la situation pourrait avoir des conséquences « irréversibles » si les démocrates ne finissaient pas par accepter le budget voulu par les républicains.

« Nous pouvons, durant le “shutdown”, faire des choses qui sont irréversibles, qui seront mauvaises pour eux. Comme licencier de nombreuses personnes », a ajouté le président américain, menaçant d’intensifier les opérations de limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux, déjà entamées avec la commission Doge de son ex-allié Elon Musk.

Dernier « shutdown » record il y a six ans

Le dernier « shutdown », de fin décembre 2018 à fin janvier 2019, durant le premier mandat de Donald Trump, avait duré 35 jours, un record.

Au vu du caractère très impopulaire d’une telle situation, démocrates comme républicains tentent traditionnellement d’éviter cette paralysie fédérale, parfois au dernier moment. Mais en cas d’échec, chacun tente d’en rejeter la responsabilité sur le camp adverse.

Donald Trump a ainsi déjà vitupéré à plusieurs reprises contre les chefs démocrates et a publié sur sa plateforme Truth Social un montage vidéo généré par l’intelligence artificielle montrant le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, affublé d’une longue moustache et d’un sombrero mexicain. Un montage dénoncé comme « raciste » par le principal intéressé, qui regrette en outre l’absence de dialogue constructif.

Tous ont déjà en tête les élections législatives de mi-mandat en novembre 2026, lors de laquelle la majorité républicaine au Congrès sera remise dans la balance.

Impasse

D’un côté, les républicains ont proposé une extension du budget actuel jusqu’à fin novembre. De l’autre, les démocrates veulent obtenir le rétablissement de centaines de milliards de dollars en dépenses de santé, notamment dans le programme d’assurance santé « Obamacare » pour les ménages des classes populaires, supprimés par l’administration Trump.

Si les républicains disposent de la majorité aux deux chambres du Congrès, le règlement du Sénat fait qu’un texte budgétaire doit être adopté à 60 voix sur 100, nécessitant donc au moins sept voix démocrates. D’où l’impasse.

Donald Trump a reçu lundi à la Maison Blanche les principaux responsables républicains et démocrates du Congrès, sans obtenir d’avancées sur les négociations.