Un ancien conservateur disperse une centaine de curiosités en céramique datées des années 1950 à 1970. Un ensemble «loufoque» et désuet, emblématique des services de table originaux prisés à l’époque des Trente glorieuses.
L’horreur des uns, la délectation des autres. Une collection aussi étonnante qu’hétéroclite de vieux plateaux à fromage est dispersée à Nantes (Loire-Atlantique), mercredi 1er octobre. Assemblés pendant 35 ans par un ancien conservateur du musée d’arts de la cité des ducs, les 150 lots mis en vente cette semaine chez Ivoire Nantes ont tous la particularité d’avoir été réalisés en céramique, dans les années 1950 à 1970, et d’aligner des formes pour le moins saugrenues.
Les différents objets présentent ainsi des formes de poisson éventré, de corbeille de fruits, de parapluie renversé, de champ de blé, ou encore… d’huîtres ouvertes. «Tout a commencé par un plateau en forme de palette de peintre. Il m’avait fait de l’œil, car je m’étais spécialisé dans l’art abstrait de l’après-guerre. Puis j’en ai acheté un second, puis un suivant. De fil en aiguille, je me suis pris au jeu, sans prétention» , raconte Vincent Rousseau, l’ancien propriétaire de cet ensemble de service de table hautement kitsch.
Le spécialiste s’est ainsi longtemps amusé à chiner, à chaque voyage et à chaque brocante, les plus étranges spécimens de vieux plateaux à fromage. La collection de Vincent Rousseau est toutefois loin de rivaliser avec les volumes conservés par un fromager de Saint-Ouen, en banlieue parisienne. «J’ai pu échanger avec ce monsieur qui a pu réunir un ensemble fabuleux de près de 700 plateaux. Nous nous sommes mis d’accord pour nous présenter comme des “plateaufromaphiles” !», évoque avec malice l’ex-conservateur nantais.
Valeur marchande dérisoire
Malgré leur caractère loufoque prononcé et leur âge relatif, ces très jeunes antiquités seront en majorité mises en vente entre 10 à 40 euros. Soit une fourchette relativement accessible pour des plateaux à fromages bariolés, rescapés du temps des Trente glorieuses. «Il s’agissait, en leur temps, de souvenirs, de cadeaux de mariage ou simplement de productions régionales, notamment autour de Vallauris , explique Vincent Rousseau. Leur valeur marchande est dérisoire. Il y a peut-être un travail de recherche à faire sur ce genre d’objets, qui pourraient éventuellement être présentés, un jour, au sein d’un musée d’art modeste ou populaire».
La vente nantaise aligne, enfin, d’autres curiosités en céramique, également amassées par Vincent Rousseau, en complément de son ensemble de plateaux à fromage. Le conservateur émérite a dû se séparer de tout son trésor en prévision d’un déménagement. «J’avais 30 à 40 cartons chez moi, cela prenait beaucoup de place, quand bien même j’avais fini par m’attacher à ces productions. Ma femme, en revanche, est absolument ravie de voir cette collection disparaître de la maison !», conclut Vincent Rousseau. La vente aux enchères ouvre mercredi chez Ivoire Nantes, à partir de 10h.