Huit ans après le poétique Columbus, on ne pouvait que
se réjouir de retrouver Kogonada à la réalisation d’une comédie
dramatique. Avec son scénario atypique, son décor onirique
et son casting irréprochable (Colin
Farrell et
Margot Robbie, quand même !), tout semblait réuni pour que
A Big Bold Beautiful Journey soit justement ça :
« Un Beau Grand et Audacieux
Voyage ». Il ne réussit pourtant son pari qu’à
moitié…
Le film s’ouvre sur la rencontre de David (Colin Farrell) et
Sarah (Margot Robbie), deux célibataires endurcis venus à un
mariage à bord de vieilles Saturn S-Series de location. Sur le
chemin du retour, le GPS de leurs deux voitures leur fait
une proposition : partir pour « Un Beau Grand et
Audacieux Voyage ». Ensemble, David et Sarah embarquent
sur la route de leur passé, croisant ça et là des portes
qui les ramènent aux moments clés de leurs vies respectives. Un
voyage salvateur qui finit par les rapprocher…
Un joli voyage, mais des enjeux trop flous
Passé le côté absurde et improbable des deux inconnus explorant
leur passé derrière des portes dressées au milieu de nulle part,
A Big Bold Beautiful Journey est une odyssée
visuelle très agréable à regarder. Le problème, c’est que
l’on ne comprend pas bien les enjeux…
Colin Farrell et Margot Robbie ont beau faire le job qui leur
est demandé en livrant des performances correctes,
difficile de s’attacher à leurs personnages tant ceux-ci
manquent de profondeur. Célibataire depuis toujours, David
n’a jamais réussi à trouver la femme de ses rêves. Tout semble
partir d’un rejet à l’adolescence, lorsque la fille qu’il aimait a
choisi un autre garçon que lui… Sarah, elle, est célibataire par
choix. Elle se décrit comme une
« serial-trompeuse », préférant briser le cœur des
hommes avant qu’ils ne brisent le sien. Elle ne se considère en
effet pas digne du bonheur, ayant abandonné sa mère à l’hôpital le
jour de sa mort pour coucher avec son professeur de lycée de
l’époque…
Un scénario bancal sans vraie
résolution
Porteurs de ces traumatismes, David et Sarah semblent tous deux
brisés par la vie. Le problème, c’est que leurs problèmes n’en ont
que le nom. Une bonne séance chez le psy aurait sans doute suffi à
réparer leurs petits cœurs brisés, sans les faire passer par un tas
de portes magiques et de dialogues clichés. Le pire est
sans aucun doute la manière dont tous leurs problèmes se
résolvent à la fin : en se trouvant l’un et l’autre.
Quel est donc le rapport avec la culpabilité qui ronge
Sarah ?
Si la mise en scène et les décors n’avaient pas été aussi
réussis (avec un budget à 45 millions de dollars, encore heureux),
on aurait sincèrement pu se croire dans une romance de Noël
diffusée à 16 heures du TF1. Dommage, l’idée de départ n’était
pourtant pas mauvaise, mais on en attend vraiment beaucoup
plus d »un voyage avec les stars de The Penguin et
Barbie…