La vie en rose. Après avoir conquis les Zénith, Sadeck Berrabah va revenir sur scène avec « Murmuration level 2 »*. Avant cet événement, le chorégraphe qui collabore avec les stars et les grandes marques est derrière le clip la dernière campagne de l’association Ruban rose, qui lutte contre le cancer du sein. Pour 20 Minutes, le natif de Forbach (Moselle) revient sur son engagement à l’occasion d’Octobre Rose**, sur son parcours et son art.

Comment en êtes-vous venu à participer à la campagne de Ruban rose, lancée ce mercredi ?

Tout est parti des réseaux sociaux. A chaque fois que j’ai une nouvelle idée, je la partage. Les marques et les clients voient sur les réseaux ce qu’ils veulent. Quand j’ai posté « Les parapluies », Ruban rose a aimé le concept. J’ai accepté tout de suite de collaborer avec eux. Le cancer est un sujet qui me touche, j’ai un ami très proche qui en est décédé. Aussi, l’idée de partager la scène avec des femmes qui se battent contre la maladie, c’est beaucoup d’émotions.

Pourquoi « Les parapluies » ?

Le parapluie, c’est la protection. Il y a tout un message derrière ce tableau dans lequel participent 90 % de femmes, des personnes qui viennent de tous les horizons, de toutes les couleurs et de toutes les religions. Dans « Les parapluies », c’est l’humain avant tout. On y partage un même combat.

Lundi dernier, vous avez offert une prestation incroyable à la cérémonie du Ballon d’or. Racontez-nous…

Les équipes du Ballon d’or m’ont contacté par le biais, là encore, des réseaux sociaux. J’étais emballé, c’est un événement populaire. J’avais envoyé une vidéo que les danseurs connaissaient déjà, puis d’autres échantillons. Je rigole souvent de cela, mais la création de la chorégraphie s’est faite le matin même de la cérémonie.

Ce tableau, un avant-goût de votre show « Murmuration level 2 » à Marigny ?

Oui, il y a des éléments que je vais récupérer de cette prestation au Ballon d’or, comme les vestes. C’était un show de deux minutes, donc il va y avoir des choses qui vont être développées. Vous avez eu une version à trente danseurs, alors que pour le prochain show, il y en aura quarante-six. Il y aura aussi davantage de lignes, ce sera encore plus impressionnant.

On tournera autour du même sujet, à savoir que « Murmuration » est un concept rassemblant mes influences et mes passions : le dessin, la peinture, les perspectives, les arts martiaux, la danse, les mathématiques… J’ai voulu aussi faire référence à la nature dans le son, et j’ai beaucoup travaillé là-dessus avec mon frère.

Justement, comment avez-vous collaboré avec TRex [Adel], votre frère ?

On travaille ensemble depuis la création de « Murmuration », qui était, à l’origine, juste une vidéo, qui a très vite explosé en nombre de vues sur les réseaux sociaux. Notre processus créatif est le suivant : je lui envoie mes vidéos et lui va retravailler le son par rapport à ces vidéos. Il va m’envoyer des échantillons musicaux, que je vais valider ou non. On va se mettre d’accord là-dessus. Puis, je vais créer ma chorégraphie et, lui, en parallèle, le son. Au début, je dessinais mes chorégraphies, mais aujourd’hui, le concept est intégré. Mon frère connaît bien mon univers.

A quoi doit s’attendre le public pour ce « Level 2 » ?

Le « Level 1 » a été créé en dix-huit jours, avec quarante-six danseurs. C’était juste extraordinaire. Il y a tout un tas de choses que j’ai dû simplifier. Le « Level 2 » est une amélioration des tableaux qui existent déjà, que j’ai complexifié, en changeant ou accélérant la musique par exemple. J’ai aussi créé des nouveaux tableaux, dont un avec des ombrelles, dont je suis assez fier.

Revenons sur votre parcours, depuis votre naissance à Forbach, en Moselle…

J’étais le cancre du fond de la classe, tout le temps à être dans les nuages. J’étais dans l’imaginaire, avec un côté poétique. Je dessinais beaucoup. Je séchais aussi les cours pour aller en forêt. J’ai toujours eu aussi un contact avec la nature. J’ai baigné dans le hip-hop, un univers davantage underground, que j’ai mis à ma sauce dans mes tableaux.

A mes 18 ans, j’ai vécu un petit moment à la rue. Mes parents ne savaient pas quoi faire de moi. J’habitais alors Forbach, et ma nouvelle vie à commencer à Montpellier, en 2014. J’ai commencé un CAP dans la maçonnerie, que j’ai arrêté. Mais la danse a toujours été là, jusqu’au moment de poster les premières vidéos sur les réseaux sociaux…

Le style « Berrabah » est né à ce moment-là…

Dans ces vidéos, je voulais en effet mettre ma patte, de la poésie, de la connexion entre les corps, avec ce concept de géométrie, de lignes du corps, en noir et blanc. Musicalement, j’avais opté pour une musique hypnotisante. Le concept était là, puis je l’ai développé en duo, trio, quatuor, notamment avec ma fille aînée, avec qui j’ai fait « La France a un incroyable talent ».

J’ai eu envie de multiplier le nombre de danseurs. Puis est venu cet effet de vague dans mes tableaux, sur des musiques riches en émotion. J’ai été contacté par des stars et des grandes marques, sans oublier les JO de Paris, où mes tableaux ont été vus mondialement.

Avez-vous déjà pensé à « Murmuration level 3 » ?

Le « level 2 » n’a pas fini de se développer, mais je ne pense pas qu’il y aura de « level 3 ». Je passerai directement à un autre spectacle, si je dois en faire, un jour.