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Rédaction Saint-Étienne

Publié le

1 oct. 2025 à 10h23

Le groupe Casino se retrouve à partir de ce mercredi 1er octobre sur le banc des accusés comme Jean-Charles Naouri, son PDG de 2005 à 2024, pour manipulation de cours et corruption.

Voici cinq choses à savoir sur l’ancien géant français de la grande distribution.

Plus que centenaire

Officiellement dénommé Casino Guichard-Perrachon, le groupe a été fondé en 1898 à Saint-Etienne par le commerçant Geoffrey-Guichard. Le nom « Casino » vient de sa première adresse, l’ancien casino lyrique de la ville, fermé selon le groupe pour cause « mœurs légères » et devenu épicerie de détail.

Son histoire passe également par les terrains de foot : en 1931, le groupe inaugure le stade accueillant les matches de l’Association sportive du Casino, future AS Saint-Etienne, qui doit aussi à l’enseigne ses couleurs vert et blanc. Le premier hypermarché ouvert par le groupe à Marseille en 1970 était alors le plus grand magasin de France.

Folie des grandeurs sous Naouri

Inspecteur des finances, directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy, banquier d’affaires chez Rothschild & Co… Le normalien et énarque Jean-Charles Naouri a déjà un CV prestigieux lorsqu’il devient, en 1992, le premier actionnaire de Casino, en lui apportant le groupe Rallye, distributeur breton dont il a pris le contrôle un an plus tôt.

Franprix, Leader Price, Monoprix, ou encore l’e-commerçant CDiscount… Sous son règne, le fleuron stéphanois change de dimension, à coup d’acquisitions, souvent financées par la dette. Le distributeur se déploie aussi à l’international, notamment en Asie et au Brésil.

L’engrenage de la dette

En 2015, Casino annonce la réorganisation de ses activités en Amérique latine puis son retrait du Vietnam pour réduire sa lourde dette. Mais la situation s’envenime en décembre, lorsque des vendeurs à découvert – des acteurs financiers qui gagnent de l’argent en pariant sur la baisse d’un cours de Bourse – se mettent à cibler l’action Casino.

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Le plus actif, l’américain Muddy Waters, a le premier tiré la sonnette d’alarme sur l’endettement du distributeur, qui conteste vigoureusement. Les turbulences boursières se poursuivent en 2018, quand Casino et le géant Carrefour se renvoient l’initiative d’un projet de rapprochement avorté.

Elles fragilisent la cascade de holdings (Rallye, Foncière Euris, Finatis et Euris) par laquelle Jean-Charles Naouri contrôle Casino, au point d’entraîner un placement sous procédure de sauvegarde en mai 2019.

C’est sur cette période 2018-2019 que portent les soupçons de manipulation et corruption pour lesquels M. Naouri et Casino sont aujourd’hui jugés. Malgré une multiplication des cessions, la dette ne dégonfle pas, tandis que les parts de marché dévissent en France.

Le groupe aujourd’hui

En 2023, le milliardaire tchèque, Daniel Kretinsky, déclare vouloir renflouer Casino à condition d’en prendre le contrôle et d’écraser la plupart des créances dues. Un an plus tard, le distributeur change de main, et Jean-Charles Naouri démissionne, sans indemnité de départ.

La dette du groupe, qui s’élevait à 7,4 milliards d’euros fin 2023 et a été allégée de près de 5 milliards d’euros au moment de sa restructuration, atteignait toujours 1,4 milliard d’euros mi-2025, avec une échéance d’un peu plus de deux ans, option d’extension comprise.

Le distributeur, qui fin 2022 employait encore quelque 200 000 personnes dans le monde dont 50 000 en France, s’est retiré de l’étranger (hors franchises) et a vendu la quasi-totalité de ses hyper et supermarchés français (366 au total), le cœur historique de son activité, aux concurrents Intermarché, Auchan et Carrefour.

Désormais dirigé par Philippe Palazzi, le groupe (Casino, Monoprix, Franprix, Naturalia, Spar, Vival, Cdiscount) ne revendique plus que 25 000 salariés en France, où il s’est recentré sur le commerce de proximité et la restauration à emporter. Son chiffre d’affaires s’établissait à 8,5 milliards d’euros en 2024, contre 36,6 milliards d’euros en 2018.

Facture sociale

Les plans sociaux décidés en 2024 se sont traduits par 2 200 licenciements. Mais même au sein des magasins rachetés par la concurrence, les salariés restent à la merci des restructurations du secteur. Intermarché a notamment décidé, cette année, de fermer 30 magasins repris à Casino, non rentables et qui concernent 680 emplois.

De son côté, Auchan, qui a annoncé fin 2024 prévoir près de 2 400 suppressions de postes, a cédé 19 magasins au discounter allemand Lidl, dont neuf faisaient partie des supermarchés repris à l’enseigne stéphanoise.

Avec AFP

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