On retiendra du GP du Japon 2025 qu’il a célébré le neuvième titre d’un immense champion, capable d’un retour comme on n’en avait encore jamais vu en moto, six ans après son dernier sacre. Mais ce week-end a aussi été celui du retour au premier plan de son voisin de stand, et sur ce point aussi, le soulagement était grand.
Car Pecco Bagnaia a réalisé ce qu’on ne l’avait plus vu réaliser depuis près d’un an, à savoir une domination totale sur un Grand Prix. Après sa victoire à Austin, sur laquelle planait l’abandon de Marc Márquez, qui lui en avait ouvert les portes, la prestation de l’Italien à Motegi a cette fois été autoritaire, solide, à l’image de celui que l’on a tellement vu performer depuis ses premiers succès, il y a quatre ans.
Au gré des tours bouclés à Motegi, Bagnaia est passé d’un sentiment de soulagement dû à ces sensations qu’il retrouvait enfin, en particulier le sentiment de contrôler sa moto au lieu d’être son passager, à une colère qui s’est progressivement imposée en lui. Pourquoi a-t-il fallu attendre le 17e Grand Prix pour en arriver là ?
Dans sa chronique du week-end sur LinkedIn, Gigi Dall’Igna l’admet lui-même de façon laconique : « Un formidable retour, dans lequel il a montré toute l’étendue de son talent. Un peu tard, pour dire la vérité, mais nous sommes là et c’est le plus important. »
Ce n’est pas qu’il était impossible d’aider Bagnaia plus tôt, mais pour cela, nous devions savoir quoi faire.
Bien que personne chez Ducati ne le confirme ouvertement, il semble que le déclic pour le double champion du monde MotoGP soit venu de l’intégration sur sa GP25 de certains éléments de la moto qu’il utilisait l’année dernière, avec laquelle il avait remporté 11 Grands Prix et s’était battu pour le titre jusqu’à la dernière épreuve. Un bras oscillant, une fourche et des éléments d’aérodynamique, couplés à des disques de frein obligatoires au Japon et qui lui conviennent mieux : la recette paraît simple et étonne d’autant plus.
Interrogé par Sky Sport MotoGP sur ce qui a permis à Bagnaia de retrouver sa vitesse, d’abord lors du test mené à Misano, la semaine précédente, puis lors de ce Grand Prix, le directeur général de Ducati Corse n’a pas voulu confirmer ni infirmer s’il y avait bien eu un rapprochement avec le package de la GP24 ou non.
« Comme nous l’avons toujours dit, la différence entre les deux motos n’est pas si grande et elles ont des caractéristiques qui peuvent être ‘mixées’. Il y a des pièces qui peuvent être ajoutées ou retirées en fonction des besoins du pilote », a-t-il simplement rappelé. Et d’ajouter : « Nous aussi, nous avons souffert avec Pecco ces derniers mois, donc le voir revenir à la victoire est quelque chose qui nous permet, nous aussi, de nous sentir mieux avec nous-mêmes. »
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En répondant aux questions de Motorsport.com après l’arrivée, dimanche, Gigi Dall’Igna n’a pas non plus voulu lever le voile sur la recette trouvée par les ingénieurs : « Expliquer ce qui s’est passé n’a pas beaucoup d’importance. Ce qui compte vraiment, c’est que Pecco a été rapide, qu’il a décroché la pole position, qu’il a remporté le sprint et aussi la course. »
Mais, interrogé sur les délais qu’il a fallu pour en arriver à ce qui semble être une résolution de ses problèmes, l’ingénieur a souligné à quel point parcourir ce chemin semé d’embûches avait été nécessaire avant de trouver la sortie du tunnel : « Ce n’est pas qu’il était impossible d’aider Bagnaia plus tôt, mais pour cela, nous devions savoir quoi faire. Et pour savoir quoi faire, il faut parfois parcourir un certain chemin. Si vous ne le faites pas, vous ne trouvez pas la solution. »
Avec Oriol Puigdemont et Matteo Nugnes