AA / Istanbul / Ben Amed Azize Zougmore

Lors d’un programme organisé au Bureau des Nations Unies (ONU) à Genève, les violations des droits de l’homme en France ont été discutées dans le cadre de la 60ᵉ session du Conseil des droits de l’homme. La conférence, intitulée « Les droits de l’homme en France », était organisée par le Conseil international pour la justice, l’égalité et la paix (COJEP).

Ali Gedikoglu, président du COJEP, a rappelé à Anadolu que l’organisation qu’il préside intervient régulièrement depuis les années 2000 au Conseil des droits de l’homme de l’ONU et sur d’autres plateformes pour dénoncer les violations des droits fondamentaux.

« Dans le passé, nous avons mis à l’ordre du jour les violations des droits de l’homme en Bosnie, en Palestine et en Tchétchénie, ainsi que le racisme, la discrimination et l’islamophobie en Europe. Nous continuons à le faire », a-t-il indiqué.

Gedikoglu a souligné qu’en France, de nouvelles lois inspirées notamment de la loi de 2021 dite « des musulmans séparatistes » restreignent gravement les libertés et ciblent particulièrement les personnes issues de l’immigration et de confession musulmane.

Selon lui, la liberté de religion et de conscience est de plus en plus menacée en Europe depuis le 11 septembre, tandis que racisme et islamophobie progressent. « Même les activités sociales ou solidaires des femmes musulmanes sont parfois criminalisées au nom de la lutte contre le financement du terrorisme », a-t-il dénoncé.

Dans le cadre du programme, les politologues français François Burgat et Saban Kiper, spécialistes du monde arabe, ont présenté leurs analyses sur les difficultés rencontrées par les musulmans et les migrants en France.

Invité par COJEP, François Burgat a livré un constat sévère sur l’évolution du climat politique français. Selon lui, « la loi de 2021 avait déjà fonctionné avant d’être adoptée », rappelant que la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) avait marqué un tournant. Il estime que les années suivantes ont été marquées par une « cascade de mesures » visant associations, structures éducatives et même maisons d’édition musulmanes.

Le chercheur a également relié cette dynamique au soutien de la France à Israël, affirmant que « la matrice du soutien à Israël par une majorité des partis politiques, c’est l’islamophobie ».

Pour Burgat, il ne s’agit pas d’une « guerre des religions », mais d’une réaction postcoloniale : la société française refuserait que la quatrième génération issue de l’immigration musulmane s’exprime sur un pied d’égalité avec les autres citoyens.

Tout en notant l’émergence d’une parole publique musulmane plus affirmée et mieux outillée sur le plan culturel et social, Burgat observe que cette avancée démocratique reste fragilisée par un climat politique marqué par l’emprise croissante du discours d’extrême droite. Les thématiques islamophobes, autrefois cantonnées au Rassemblement national, se seraient diffusées dans une large partie de l’échiquier politique, y compris à gauche.

Un constat qui nourrit son pessimisme : « Pour l’instant, je suis pessimiste », conclut-il, tout en espérant être démenti à moyen ou long terme par l’émergence d’une contre-tendance idéologique forte.



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