Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur le 18 septembre.

LUDOVIC MARIN / AFP

Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur le 18 septembre.

POLITIQUE – La droite est prête à rester au gouvernement, mais pas à n’importe quelle(s) condition(s). Malgré son poids plus que relatif à l’Assemblée nationale (50 députés), le patron du parti Bruno Retailleau a dressé sa liste de courses dit « contrat de gouvernement » adressé à Sébastien Lecornu devant les parlementaires LR réunis ce mercredi 1er octobre.

Parmi les exigences envoyées au Premier ministre, la réduction des dépenses publiques figure en bonne place. Aucune hausse d’impôt (y compris sur les plus riches) ne sera acceptée : les Républicans ne veulent ni de la taxe Zucman ni d’un retour de l’ISF. Ces deux mesures « nuiraient à la compétitivité de la France » et « pénaliseraient l’outil de travail », stipule le document détaillé par consulté par Libération.

Ils peuvent être rassurés puisque Sébastien Lecornu ne compte pas aller sur ce terrain. Dans son interview au Parisien la semaine dernière, le locataire de Matignon a écarté toute taxation des plus grandes fortunes. Tout juste a-t-il concédé que certains impôts puissent augmenter mais sans dire lesquels et à quelle hauteur.

Bruno Retailleau, qui espère à titre personnel rester au ministère de l’Intérieur, réclame le non-remplacement d’un certain nombre de fonctionnaires, la hausse du temps de travail pour certains agents de la fonction publique, la baisse des crédits de l’aide publique au développement ou encore la suppression d’agences de l’État jugées inefficaces voire inutiles.

Sur les retraites, sans trop se mouiller, le parti ne veut pas de suspension de la réforme de 2023, qui repoussait l’âge légal de départ à 64 ans. Contrairement à la gauche, notamment le PS, qui en fait un motif de non-censure. Comme une impression de disque rayé quand la droite exige de renforcer la lutte contre un prétendu « assistanat », via la mise en place d’une allocation sociale unique plafonnée. Elle demande aussi un projet de loi contre la fraude sociale.

Au moins une mesure retoquée par le Conseil constitutionnel

Sur le plan sécuritaire et migratoire, c’est là encore un catalogue de mesures : instauration de peines planchers pour les agressions visant les « dépositaires de l’autorité publique », réforme de l’AME, rétablissement du délit de séjour irrégulier, allongement de la durée de maintien en centre de rétention administrative (CRA) de 90 à 210 jours…

Le Conseil constitutionnel a pourtant retoqué cette mesure il y a quelques semaines, infligeant un camouflet au ministre de l’Intérieur. Les associations de défense des droits des migrants, et des droits humains en général, tirent la sonnette d’alarme. « Dans un État de droit, on ne peut pas agir impunément avec la privation de liberté », alertait cet été la secrétaire générale de la Cimade Fanélie Carrey-Conte.

Quoi qu’il en soit, le Premier ministre a promis qu’il enverrait une « lettre d’engagement » à LR avant la nomination du gouvernement. Celle-ci devrait intervenir, selon plusieurs sources, entre le jeudi 2 et le dimanche 5 octobre.