Rencontres, débats, Ciné débat et animations pédagogiques… L’édition 2025 du festival «Naturellement !», organisé par la Fédération Biogée du 3 au 5 octobre, aura pour thème «Quelle alimentation pour la santé de demain ?»
Il est heureux que pour les quatrièmes Rencontres du vivant et de la Terre, le festival Biogée Naturellement ait choisi pour thème celui de l’alimentation et la santé. Avec, comme à chaque édition, cette attention à la transmission aux jeunes générations qui fait la singularité de ce rendez-vous désormais régulier.
Nous avons tous ressenti notre vulnérabilité aux échanges mondiaux lors de la crise du Covid, nous avons massivement signé la pétition contre la loi Duplomb, nous voudrions privilégier l’agriculture locale, nous rêvons d’une équation qui permettrait de proposer une alimentation saine, préserver la qualité des sols, la ressource en eau, tout en garantissant à nos agriculteurs des revenus suffisants, quand nombre d’entre eux, fragilisés par les crises à répétition, sont maintenus dans une situation dramatique (18 % vivent sous le seuil de pauvreté).
Aujourd’hui les ressources abondantes intensément mobilisées par nos «métabolismes territoriaux» sont si mal partagées que 10 % des Français sont en insécurité alimentaire, 51 % sont touchés par une insuffisance qualitative (chiffres Credoc). La qualité de l’alimentation des Français baisse du fait des mauvaises habitudes alimentaires. 20 % des enfants français sont en surpoids, 19 000 cancers pourraient être évités chaque année avec une alimentation équilibrée, selon l’Institut national du cancer. De l’autre côté de la chaîne, la qualité de l’eau que nous captons ne cesse de se dégrader, ce qui nécessite des traitements de plus en plus coûteux.
L’action publique en la matière est peu lisible, mobilisant de l’Europe au local de multiples acteurs et intérêts. Intervenir, ne serait-ce qu’à travers la commande publique pour nos écoles, est d’une difficulté telle que nous avons pris, à plusieurs et dans le cadre d’AgriParis Seine (association qui fédère les acteurs et collectivités le long de la vallée de la Seine), l’initiative d’un plaidoyer à l’échelle européenne pour desserrer l’étau réglementaire : 95 millions de repas sont consommés chaque année en restauration collective sur le territoire du bassin de la Seine. Si toutes nos cantines s’approvisionnaient demain à 100 % en produits durables dont 50 % en local, nous pourrions relocaliser 18 % de la production normande de lait biologique grâce à la restauration collective publique !
Sur le territoire de la métropole rouennaise, alors que les terres agricoles en occupent environ un tiers, la part dédiée à l’agriculture biologique reste faible mais la dynamique est lancée. Nous sommes profondément engagés, à l’exemple du Projet alimentaire de territoire qui rassemble près de 230 acteurs. Les objectifs de la COP30 locale récemment signée sont clairs et concrets : 20 % de la surface agricole utile en bio d’ici 2032, 50 % d’ici 2050, création de dix fermes maraîchères d’ici 2030, 100 % de la restauration collective communale engagée dans une démarche d’approvisionnement durable en 2027. Avec AgriParis Seine, nous lançons un démonstrateur territorial «Seine Nourricière» qui va nous permettre d’engranger progrès et connaissances à l’échelle du bassin. Le chemin est long, mais nous avançons vite désormais, et ensemble.