Une perturbation majeure, dont l’origine reste pour l’heure inexpliquée. D’après une étude publiée conjointement par des astronomes européens et américains, une onde gigantesque serait actuellement en train de traverser notre galaxie, déplaçant dans son sillage des milliers d’astres.

Publié dans la revue Astronomy & Astrophysics et relayé notamment par Live Science, le travail de recherche s’appuie principalement sur les données cartographiques du télescope spatial Gaia de l’Agence spatiale européenne (ESA), mis à la retraite en mars dernier.

Un étrange phénomène astronomique…

En activité pendant plus de 11 ans, ce dernier n’a cessé de mesurer les mouvements et la vitesse de déplacement des étoiles composant la Voie lactée, contribuant de manière décisive à établir une cartographie évolutive de notre galaxie plus précise que jamais.

Comme l’expliquent les auteurs de l’étude dans un communiqué, les données recueillies par Gaia ont notamment permis de confirmer la déformation, observée depuis les années 1950, du disque de la Voie Lactée, mais aussi de repérer un étrange phénomène astronomique.

…comparable aux ondulations provoquées par « une pierre jetée dans un étang »

Après avoir analysé ces données offrant une vision en trois dimensions de la Voie Lactée, les astronomes affirment ainsi qu' »il est désormais évident qu’une grande onde perturbe le mouvement des étoiles de notre galaxie à des dizaines de milliers d’années-lumière du Soleil ».

« Telle une pierre jetée dans un étang, provoquant des ondulations, cette onde galactique d’étoiles s’étend sur une grande partie du disque externe de la Voie lactée », ajoutent les chercheurs, indiquant que cette sorte de vague astronomique se déplace depuis le centre de la galaxie vers l’extérieur.

Une immense zone de la Voie Lactée est concernée

D’après les observations réalisées grâce au télescope Gaia, cette perturbation affecterait une zone immense comprenant « des étoiles situées à au moins 30 à 65 000 années-lumière du centre de la galaxie (à titre de comparaison, la Voie lactée mesure environ 100 000 années-lumière de diamètre) ».

« Ce qui est intriguant, ce n’est pas seulement l’aspect visuel de la structure ondulatoire dans l’espace 3D, mais aussi son comportement ondulatoire lorsque nous analysons les mouvements des étoiles qui s’y trouvent », ajoute Eloisa Poggio, astronome italienne qui a dirigé l’équipe de scientifiques chargée de cette étude.

Pour illustrer ce « comportement ondulatoire » si spécifique, les chercheurs le comparent à une « ola » dans un stade de football. « Étant donné que les échelles de temps galactiques sont bien plus longues que la nôtre, imaginez cette onde figée dans le temps, à la manière dont nous observons la Voie lactée, propose le communiqué de l’ESA. Certains individus seraient debout, d’autres seraient simplement assis (au passage de la vague), et d’autres encore se prépareraient à se lever (à l’approche de la vague). »

De la même manière, les astronomes ont noté des disparités dans l’intensité des mouvements verticaux observés par Gaia. Certaines étoiles semblent ainsi « se soulever » davantage que d’autres, correspondant dans l’analogie évoquée plus haut aux zones des tribunes dans lesquelles les spectateurs sont déjà debout ou en train de se lever.

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La « grande vague » de la Voie Lactée représentée par les mouvements des étoiles (DR/ESA/Gaia/DPAC)

Une origine mystérieuse

En plus de décrire avec précision la structure et le mouvement de cette onde massive, les astronomes ont émis l’hypothèse qu’elle pourrait être alimentée par les gaz composant le disque de la Voie lactée.

L’origine de la perturbation en cours reste en revanche un mystère à ce stade. « Une collision passée avec une galaxie naine pourrait être une explication possible, avance le communiqué de l’ESA, mais des recherches plus approfondies sont nécessaires. »

La « grande vague » liée à la « vague de Radcliffe » ?

Toujours d’après les auteurs de l’étude, cette « grande vague » pourrait aussi être directement liée à une autre ondulation précédemment identifiée dans la Voie Lactée, la « vague de Radcliffe ». De moindre intensité, cette dernière a été observée à 500 années-lumière du Soleil et s’étend sur environ 9 000 années-lumière.

« Cependant, l’onde de Radcliffe est un filament beaucoup plus petit, situé dans une partie différente du disque galactique que l’onde étudiée dans nos travaux, tempère Eloisa Poggio. Les deux ondes pourraient être liées, ou non. C’est pourquoi nous aimerions approfondir nos recherches. »

De nouvelles données à venir

Désormais hors service, le télescope Gaia pourrait toutefois aider une ultime fois les astronomes en ce sens, en fournissant une dernière salve de données d’ici décembre 2026, comme l’annonce le site officiel de l’ESA.

« La quatrième publication de données de Gaia, qui approche à grands pas, fournira des informations encore plus précises sur les positions et les mouvements des étoiles de la Voie lactée, confirme Johannes Sahlmann, l’un des responsables du projet. Cela aidera les scientifiques à établir des cartes encore plus précises et, par conséquent, à approfondir notre compréhension des caractéristiques de notre galaxie. »