Casino a changé de tête il y a un an et demi mais celui qui a été son PDG pendant près de 20 ans, entre 2005 et 2024, va se rappeler au bon souvenir du groupe de grande distribution stéphanois. L’actualité judiciaire l’oblige.

À partir de mercredi, Jean-Charles Naouri comparaîtra, avec trois autres anciens cadres de l’entreprise (Jacques Dumas, Franck-Philippe Georgin et Nicolas Boudot) devant la 32ᵉ chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris pour corruption privée active et manipulation de cours de Bourse, ainsi que pour délit d’initié concernant Nicolas Boudot.

Une rumeur de rachat par Carrefour relayée en septembre 2018

Entre septembre 2018 et juin 2019, le groupe Casino conclut une convention de conseil et d’assistance avec la SCTG, une société dirigée par Nicolas Miguet, journaliste, patron de plusieurs publications sur l’actualité boursière, également prévenu lors de ce procès pour corruption passive et délit d’initié.

Le parquet national financier reproche aux dirigeants de Casino d’avoir rémunéré ce dernier à hauteur de 823 000 euros afin qu’il relaie dans ses publications une rumeur de rachat de leur entreprise par Carrefour. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu faire gonfler artificiellement le cours de la Bourse du groupe de grande distribution stéphanois, à une époque – en septembre 2018 – où il était tombé très bas (25 euros l’action).

Alexandre Bompard, PDG de Carrefour – natif de Saint-Étienne – a d’ailleurs été auditionné au cours de l’enquête lancée à la suite des soupçons de l’Autorité des marchés financiers qui s’est portée partie civile.

Les descendants de Geoffrey-Guichard se sont portés partie civile

Comme Xavier Kemlin, et dix autres descendants de Geoffrey-Guichard, fondateur de Casino en 1898, qui dénoncent un préjudice moral à leur encontre. « Ils subissent une profonde humiliation face aux agissements perpétrés par les cadres de Casino et par la société elle-même, explique Me Léah Benudis, citée dans le magazine Challenges. Les infractions poursuivies ont également un impact direct sur leurs réputations personnelles. »

Dans un communiqué, diffusé en mars à la presse, M Baratelli, l’avocat de Jean-Charles Naouri, affirmait que ce dernier contestait « vigoureusement l’interprétation du parquet national financier et aura l’occasion de s’en expliquer devant le tribunal, l’enquête ayant été parcellaire et ayant volontairement et artificiellement occulté les attaques spéculatives virulentes auxquelles il a dû faire face durant cette période ».

Pour Casino, c’est « le procès du passé »

À l’issue de ce procès qui devrait durer jusqu’au 22 octobre, les prévenus risquent jusqu’à dix ans de prison et 500 000 euros d’amende.

Le groupe Casino, repris en mars 2024 par un consortium formé de l’homme d’affaires tchèque Daniel Křetínský, du milliardaire français Marc Ladreit de Lacharrière et du fonds britannique Attestor, est aussi poursuivi en tant que personne morale.

À l’approche des débats, la direction de la communication du groupe ne souhaite faire « aucun commentaire » car « il s’agit du procès du passé, il y a, aujourd’hui, une nouvelle gouvernance, plus un membre du comité exécutif de l’époque n’est encore dans l’entreprise ».