Cela fait maintenant plus de trois ans que Fabio Quartararo réclame des progrès à Yamaha, sans obtenir réellement satisfaction. Le Français a tour à tour jugé la M1 trop peu puissante et incapable de générer du grip à l’arrière, mais des garanties sur les moyens mis dans le développement l’ont convaincu de s’engager avec la marque jusqu’à fin 2026.

Des progrès ont été faits, ce qui a permis à Quartararo d’inscrire 149 points cette année alors qu’il n’en comptait que 93 au même stade de la saison en 2024. Mais course après course, il ne peut donc qu’afficher un certain fatalisme et constater les limites de sa moto, laquelle n’a évolué qu’à la marge depuis le test qui concluait l’année 2024.

« Je pense que les plus gros progrès que l’on a faits pour cette année, c’était au test de Barcelone en 2024 », a expliqué Quartararo à Mandalika ce jeudi. « Après, on a naturellement fait quelques progrès, mais le meilleur moment, c’était en début d’année, les trois premières courses [européennes] à Jerez, au Mans et à Silverstone [avec trois poles]. Depuis, on a vraiment du mal. »

« [Au test de Barcelone en 2024], on a essayé un nouveau châssis qui nous a un peu donné une direction, mais cette saison, on n’a pas vraiment fait de très gros steps », a-t-il ajouté face à la presse francophone. « On a changé un petit peu l’aéro, on a changé deux fois de moteur, mais on voit bien notre vitesse de pointe qui est très, très basse, mais le plus gros step que l’on a fait, je pense que c’était à Barcelone, où on a trouvé un peu plus de feeling sur l’entrée de virage. »

Cette moto ne permet cependant pas à Quartararo de jouer les premiers rôles : « Actuellement, le matériel que l’on a, c’est sûr que ça ne nous donne pas du tout la chance de se battre pour un top 5 au championnat. Il faut travailler sur ça, et c’est pour ça que je pousse les ingénieurs pour avoir une meilleure moto pour l’année prochaine. »

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing

Fabio Quartararo

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Cet aveu d’impuissance répété a régulièrement mené à des déclarations de Quartararo pouvant apparaître acerbes quand il était amené à analyser les performances de sa moto. L’ambiance reste pourtant au beau fixe dans le garage Yamaha… même si le Français reconnaît des échanges parfois plus tumultueux avec les ingénieurs chargés du développement de la Yamaha.

« Mon équipe à moi, ils font de leur mieux. Le mécano, il travaille super bien, mon ingénieur en chef, il fait le maximum pour me donner le meilleur feeling possible, mais ce n’est pas eux qui doivent développer la moto, ce n’est pas eux qui doivent sortir un nouveau moteur, ce n’est pas eux qui doivent sortir les performances. Donc l’ambiance est bonne. »

« Ensuite, avec certaines personnes, c’est sûr que l’ambiance est un peu plus tendue, mais je sais avec qui je dois passer le plus de temps dans le box, et l’ambiance est top. »

Un projet V4 encore très incertain

Yamaha ne reste pourtant pas les bras croisés et a lancé un gros projet, un changement d’architecture moteur. Estimant que son quatre cylindres en lignes était la source de certaines limites, tant dans ses performances que dans le comportement de la moto qu’il implique, le constructeur consacre de gros efforts à la conception d’un V4, et d’une machine très différente pour l’exploiter.

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Mais après une seule participation en wild-card pour le moment, il reste à prouver que cette moto sera plus performante, et rien ne garantit qu’elle sera retenue pour la saison prochaine. « Potentiellement, le projet 2026 est le V4, mais le potentiel du V4 est encore très loin, pour moi, du quatre en ligne », a rappelé Quartararo ce jeudi. « On sait que le projet vient juste de commencer et qu’il y a encore pas mal de travail. Mais pour le moment, le potentiel de notre moto est plus haut que la V4. »

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing

Fabio Quartararo attend des prorgrès sur la Yamaha équipée du V4.

Photo de: MotoGP

Deux nouvelles wild-cards sont prévues, probablement à Sepang et Valence, mais Quartararo ignore quand la décision finale sera prise. « Ça, c’est pour les ingénieurs », a-t-il rappelé, se disant prêt à attendre les tests de pré-saison en 2026 pour se prononcer sur le niveau de sa machine… et probablement sur son avenir.

« Moi, je peux avoir la moto la plus compétitive pour les tests de la Malaisie, de la Thaïlande. C’est un peu le moment où l’on aura la moto définitive, il n’y a pas le temps de ramener vraiment des choses entre les tests et la course. C’est à eux de vraiment se débrouiller pour amener la meilleure moto possible pour les tests. »

Quartararo optimiste pour Mandalika

En attendant de découvrir cette nouvelle moto, Quartararo a encore cinq Grands Prix à disputer avec le modèle actuel, à commencer par celui en Indonésie ce week-end, qu’il aborde avec une certaine confiance : « Je sais que je peux être vraiment rapide sur un tour sur cette piste, donc on verra si on peut être rapides en rythme de course. »

« C’est un circuit où je pense qu’on peut avoir un bon potentiel », a-t-il insisté. « Tout dépendra du temps de mise en régime du pneu arrière, du pneu medium. Ensuite, je pense qu’après avoir essayé ça, on pourra un peu savoir comment se passera notre week-end. »

L’an dernier, « le potentiel était là » selon Quartararo mais il avait souffert puisqu’il « ne pouvait pas vraiment faire fonctionner le pneu à l’arrière ». S’il y parvient cette année, le circuit pourrait jouer sur les côtés positifs de sa Yamaha : « Il y a du grip, il n’y a pas trop de dégradation sur le pneu, pas trop de ligne droite. C’est un peu ce dont on a besoin pour aller vite. »

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