Par
Jessie Leclerc
Publié le
22 avr. 2025 à 7h42
Quand on discute avec des Rouennais, on entend parfois dire qu’il y a de moins en moins de commerces dans la Ville aux Cent Clochers, qu’elle se meurt… Mais est-ce vraiment le cas ? Y a-t-il plus de commerces vides à Rouen qu’ailleurs ? Quels secteurs souffrent ou, au contraire, prospèrent ? Décryptage.
Rouen défie les statistiques ?
Depuis 2011, la Ville de Rouen et la CCI collaborent autour d’un observatoire des commerces. Cet outil permet de suivre l’évolution de l’activité commerciale et de mieux cibler les actions de redynamisation du territoire. « Nous ne disposons pas des chiffres précis quant au ratio de fermetures et d’ouvertures, mais on peut dire que le commerce se porte bien », affirme Sileymane Sow, adjoint au Maire en charge du commerce de l’économie et de l’attractivité.
Alors que certains Rouennais déplorent une ville aux vitrines de plus en plus vides, la réalité semble bien plus nuancée. La Ville de Rouen affirme qu’il y a aujourd’hui « plus d’ouvertures que de fermetures de commerces ».
Le commerce résiste à Rouen et il fait même mieux que résister.
Sileymane Sow
Adjoint au Maire en charge du commerce, de l’économie et de l’attractivité.
« On n’a pas encore les chiffres pour 2024 et 2025, mais il y a une forte demande en termes de locaux commerciaux », indique l’adjoint au maire. Cette attractivité a aussi son revers. La hausse des loyers commerciaux. Si la demande est forte, les prix grimpent, ce qui n’est pas sans susciter l’inquiétude de certains commerçants. « Ce n’est pas forcément une bonne chose car les commerçants se plaignent de cette augmentation. Les propriétaires doivent se calmer », précise Sileymane Sow.
Moitié moins de commerces vides que la moyenne
Alors que la vacance commerciale dans les villes bénéficiant du programme Action Cœur de Ville (AVC), dont fait partie Rouen, atteint 13,4 % en 2023 au niveau national (selon l’étude CODATA/Fédération des acteurs du commerce), Rouen affiche un taux inférieur à la moyenne, en particulier dans l’hypercentre où la vacance est de seulement 6,3 %, soit moitié moins que la moyenne française. Même en partant du chiffre qui ne bénéficie pas du programme AVC, dont le taux de locaux vacants était à 7,7 en 2023, Rouen se place mieux.
À l’échelle de la Métropole, on compte 218 activités commerciales supplémentaires entre 2020 et 2023, soit une hausse de 3,46 % et le nombre de locaux commerciaux vacants a baissé de 2,8 %, passant de 1 230 locaux vacants en 2020 à 1 196 en 2023.
Depuis 2011, c’est la première fois qu’il est constaté une inversion de la courbe de la vacance qui jusqu’alors n’avait fait que croître. Cette baisse sensible s’est opérée dans le contexte difficile et incertain des crises sanitaires, des guerres, des coûts l’énergie et des matières premières, notamment.
Avec 2 800 à 3 000 commerces, Rouen détient la première place commerçante à ciel ouvert de Normandie.
Sileymane Sow
Certes, un côté de la ville, le centre rive droite, est plus dynamique, mais dans la globalité aussi les chiffres sont bons.
Des secteurs qui souffrent
Malgré les bons chiffres, certains secteurs continuent de décroître. Comme le démontrent ces chiffres entre 2020 et 2023 :
- Les enseignes de chaussures : – 9,8 %
- Les assurances : – 8,2 %
- Les débits de boissons (lieu de vente d’alcool, bar…) : – 7,3 %, bien qu’avec plus de 900 restaurants, bars, cafés et salons de thé la Métropole se hisse à la 3e place du classement national du nombre de bars par habitant.
- L’habillement : – 6,7 %
D’autres qui fleurissent
À l’inverse, plusieurs activités tirent leur épingle du jeu et connaissent une forte croissance entre 2020 et 2023 :
- Biens d’occasion (friperies, bouquineries…) : +50 %
- Tatoueurs : + 43 %
- Audioprothésistes : + 33,3 %
- Restaurants traditionnels : + 17 %
- Boulangeries : + 12,3 %
- Soins et beauté : + 12 %
Pourquoi Rouen s’en sort mieux ?
Certes, il y a tout de même moins de commerces aujourd’hui qu’il y a 15 ans. Mais c’est vrai pour tout le pays. Et Rouen est l’une des seules villes de France qui voit son nombre de locaux vides diminuer ces dernières années.
Le centre-ville de Rouen mêle grandes enseignes et commerces indépendants, comme le montre la rue du Gros-Horloge ou la rue du Massacre. « Je prends le secteur du Gros Horloge, un exemple tarte à la crème certes, mais c’est rare de maintenir ce mélange entre grosses enseignes et petites boutiques. C’est ce qui fait sa richesse commerciale », souligne Sileymane Sow.
Pour lui, il est normal que Rouen se porte mieux que la moyenne nationale : « On a l’avantage d’avoir des petits commerces très créatifs, qui se démarquent vraiment. Et la politique d’animation dynamise le tout : brocantes, fêtes Jeanne d’Arc, la piétonnisation, les transports gratuits le samedi… » Et d’ajouter que « les comités de commerçants sont aussi très actifs ».
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