Un cherchuer qui étudie du les propriétés du cannabis pour traiter le mal de dos chronique.En France, l’expérimentation du cannabis médical lancée en 2021 a concerné plus de 3 000 patients avant sa fin officielle en décembre 2024. © Adobe Stock

Première cause d’incapacité dans le monde, le mal de dos touche des millions de Français chaque année. La plupart des épisodes guérissent en quelques semaines, mais 7 à 10 % évoluent vers une forme chronique, celle qui abîme vraiment la qualité de vie et la vie professionnelle.

C’est précisément sur ce terrain que l’essai VER-01 apporte une lueur. Une option non opioïde, testée avec une vraie méthodologie de médicament.

Du cannabis pour soigner les maux de dos : comment ça marche ?  Traitement de la douleur : ce que montre l’étude

L’essai a suivi 820 adultes souffrant de lombalgie chronique. Pendant douze semaines, une partie a reçu l’extrait de cannabis VER-01, l’autre un placebo. La douleur a diminué en moyenne de 1,9 point avec VER-01, contre 1,4 point avec placebo. L’écart paraît modeste (−0,6 point), mais il est statistiquement significatif.

Dans la suite de l’étude, prolongée sur six mois, la baisse de la douleur s’est accentuée pour atteindre près de −3 points par rapport au départ et s’est maintenue dans le temps. Les patients présentant une douleur à composante neuropathique ont bénéficié d’un effet encore plus net.

L’étude ne s’est pas arrêtée à la douleur. Les chercheurs ont aussi observé une amélioration du sommeil et de la capacité fonctionnelle. Enfin, lors de l’arrêt du traitement, la douleur est revenue plus fortement chez les patients sous placebo que chez ceux qui continuaient VER-01, renforçant l’idée d’un effet réel du médicament.

Cannabis VER-01 : de quoi s’agit-il exactement ?

Le produit testé, appelé VER-01, est un extrait de cannabis spécialement conçu comme un médicament. Il provient d’une souche brevetée de Cannabis sativa et contient 5 % de THC, la molécule active la plus connue du cannabis. Chaque dose correspond à environ 2,5 mg de THC, avec de petites quantités d’autres cannabinoïdes et de composés aromatiques naturels de la plante.

Le traitement est ajusté progressivement en fonction de la tolérance des patients, jusqu’à un maximum d’une dizaine de doses par jour. Contrairement au cannabis fumé ou aux préparations artisanales, VER-01 est un produit standardisé, contrôlé et destiné uniquement à un usage médical.

Effets indésirables : à quoi s’attendre ?

Comme tout antalgique actif sur le système nerveux, VER-01 n’est pas exempt d’effets indésirables. Ils sont plus fréquents que sous placebo (83,3 % vs 67,3 %), le plus souvent légers à modérés et transitoires. Les plus courants sont les vertiges, la somnolence, la nausée, la fatigue et la bouche sèche. 

Dans la phase en double aveugle, 17,3 % des patients sous VER-01 ont arrêté le traitement en raison d’effets indésirables (contre 3,5 % sous placebo). Point majeur, aucun signal d’abus, de dépendance ou de sevrage n’a été détecté par les outils prévus.

Et en France, qu’est-ce que ça change ?

La France a lancé en 2021 une expérimentation du cannabis médical. Les nouvelles inclusions ont cessé en mars 2024 et l’expérimentation s’est officiellement arrêtée le 31 décembre 2024. Pour éviter d’interrompre les traitements, une période transitoire a été mise en place. Les patients déjà inclus peuvent continuer à recevoir leurs médicaments jusqu’au 31 mars 2026.

Depuis mars 2025, la Haute Autorité de Santé (HAS) évalue les médicaments à base de cannabis autorisés par l’ANSM. Son avis sera déterminant pour savoir si ces produits pourront entrer dans le droit commun et être remboursés par l’Assurance maladie. Pour l’instant, seules quelques indications graves sont couvertes en France : 

La lombalgie chronique, elle, n’en fait pas partie. L’étude internationale publiée dans Nature Medicine pourrait peser dans le débat, mais aucune décision n’a encore été prise. 

Comment replacer ces résultats dans la prise en charge du mal de dos ?

En France, les recommandations rappellent que la base du traitement des lombalgies reste non médicamenteuse : information, reprise d’activité physique, réassurance, prise en charge pluridisciplinaire quand la douleur s’installe. Les options pharmacologiques (notamment AINS à court terme) ont leurs limites et les opioïdes sont de moins en moins recommandés au long cours en raison de leur tolérance et des risques d’addiction. 

Dans ce paysage, un antalgique non opioïde avec un niveau de preuve élevé est une bonne nouvelle, sans être une baguette magique. La sélection des patients, la tolérance individuelle et la durée d’utilisation resteront des questions centrales en pratique.

À SAVOIR

D’après l’OMS, plus de 619 millions de personnes souffraient de lombalgie dans le monde en 2020, et ce chiffre pourrait grimper à 843 millions d’ici 2050. En France, ces douleurs représentent chaque année près de 11,5 millions de journées de travail perdues, selon l’INRS.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé