Mardi 30 septembre, ATMO Grand Est et l’Eurométropole ont présenté le bilan de la qualité de l’air à Strasbourg. Si les résultats s’améliorent, les concentrations restent au-dessus des seuils de l’Organisation mondiale de la santé.
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Nicolas Thomas
Publié le 1 octobre 2025 ·
Imprimé le 2 octobre 2025 à 13h15 ·
3 minutes
« La pollution de l’air est un désastre sanitaire, elle est sur le podium des principales causes de mortalité en France », a rappelé Françoise Schaetzel, vice-présidente de l’Eurométropole chargée de la qualité de l’air. Mardi 30 septembre, aux côtés d’ATMO Grand Est, l’association en charge de la qualité de l’air dans la région, l’élue a présenté le bilan de la qualité de l’air à Strasbourg. Selon Santé publique France, 40 000 décès par an sont liés à la pollution de l’air dans le pays. Si les résultats récents montrent des améliorations au niveau local, « nous ne sommes pas au bout de nos efforts », a-t-elle reconnu.
Selon les données d’ATMO Grand Est, les émissions de polluants ont nettement diminué entre 2005 et 2023. Les émissions de dioxyde d’azote (NO2), issues majoritairement du trafic routier, ont baissé de 44%. Celles des particules fines PM10 et PM2.5 ont baissé respectivement de 43% et 51%. Seul l’ammoniac a vu ses émissions augmenter de 26%. Cela est lié à l’augmentation du recours à des engrais azotés de type urée, utilisés pour la fertilisation du maïs dans les communes les plus éloignées de Strasbourg.
Des concentrations supérieures aux seuils de l’OMS
Si les émissions baissent, les concentrations de polluants respirées demeurent toutefois bien supérieures aux valeurs guides de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la métropole. « Concrètement, au-dessus du seuil de l’OMS, les effets secondaires sur la santé sont importants », alerte Françoise Schaetzel. La métropole s’est ainsi fixée l’objectif d’atteindre ces valeurs guides d’ici 2035.
Pour le dioxyde d’azote, la totalité des stations de l’Eurométropole respectent la valeur réglementaire en France fixée à 40 microgramme par mètres cube (µg/m3). 2024 marque un record à la baisse avec 33 µg/m3 en moyenne. Ce résultat positif est lié à la baisse de la circulation et à l’amélioration du parc automobile, mais aussi à des conditions météorologiques favorables. Ce chiffre reste en revanche loin des 10 µg/m3 recommandés par l’OMS. La grande majorité des habitants de la métropole sont exposés à des valeurs supérieures à ce seuil.
Pour ce qui est des particules fines, liées en majeure partie au chauffage résidentiel et au trafic routier, Étienne Koszul, directeur général d’ATMO Grand Est, fait le point :
« La concentration reste en dessous des valeurs réglementaires. Mais il faut poursuivre les efforts. Les particules fines PM2.5 pénètrent profondément dans l’organisme et ont donc des effets sanitaires plus importants. L’ensemble de l’Eurométropole reste exposée à des concentrations supérieures aux recommandations de l’OMS. »
L’Eurométropole indique ainsi poursuivre ses aides pour accompagner les habitants vers des méthodes de chauffage plus propres, le chauffage au bois étant particulièrement émetteur de particules fines. Il est possible de demander une aide de maximum 2 500 euros pour remplacer son poêle à bois par un autre plus performant en termes de filtration.
L’Alsace, principale touchée dans le Grand Est
L’ozone est un gaz irritant pour les muqueuses respiratoires, pouvant causer des effets à court terme sur la santé (toux, crises d’asthmes, irritations). Ce polluant estival, très volatil, est le résultat de l’action du soleil et d’un cocktail de polluants précurseurs. En raison du réchauffement climatique, les teneurs en ozone sont en hausse dans tout le Grand Est depuis dix ans. Étienne Koszul indique que cela impacte principalement l’Alsace :
« Le fossé rhénan fait de l’Alsace une véritable cuvette. Elle est donc beaucoup plus exposée que le reste du Grand Est à l’ozone. Pour les villes alsaciennes, l’indice quotidien de la qualité de l’air s’en retrouve plus dégradé, l’ozone ayant un poids important dans celui-ci. »
ATMO Grand Est reste également vigilant sur un dernier type de polluant, les particules ultra fines. Leur impact sanitaire est peu connu, et il n’existe pas encore de seuil réglementaire :
« Ces polluants sont plutôt liés à l’activité agricole. Leur présence à Strasbourg est sensiblement similaire aux autres métropoles. Mais la ville de Reims, proche des zones viticoles, est particulièrement exposée. Il est nécessaire que la recherche et les pouvoirs publics avancent sur cette question. »
