Allié perpétuel du Parti socialiste, le Parti radical de gauche se voit mener une liste jusqu’au premier tour des élections municipales 2026 à Strasbourg. Son président dans le Bas-Rhin, Thibaut Vinci, estime qu’il a les moyens et le programme pour rallier le centre-gauche strasbourgeois.

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Pierre France

Publié le 2 octobre 2025  ·  

Imprimé le 2 octobre 2025 à 14h03  ·  

5 minutes

Thibaut Vinci était sur la liste de Catherine Trautmann aux élections municipales de 2020. L’année suivante, il était sur la liste de l’ex-socialiste Aurélie Filipetti aux élections régionales. Mais pour mars 2026, Thibaut Vinci prend ses distances avec les socialistes et pourrait présenter sa propre liste au nom du Parti radical de gauche (PRG).

« Catherine Trautmann n’a pas répondu à mes sollicitations », indique Thibaut Vinci, qui aurait aimé qu’une élection primaire départage les candidats de gauche. Une idée effectivement écartée par le Parti socialiste du Bas-Rhin, dont les sections strasbourgeoises ont voté en avril pour l’établissement d’une « liste autonome ».

Pas d’ennemis à gauche

« C’est l’opportunité de présenter aux Strasbourgeois une gauche plus moderne », réplique Thibaut Vinci :

« Contrairement aux élus socialistes, je n’ai pas trois ou quatre mandats voire plus derrière moi. À 38 ans, je suis encore neuf en politique et puis je ne me suis jamais compromis avec la droite. »

Thibaut Vinci se souvient que « lorsqu’Alain Fontanel (candidat macroniste, NDLR) s’est allié avec Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) au second tour des élections municipales de 2020, il a perdu tout le centre-gauche. Moi je ne proclame pas vouloir un rassemblement trop large mais j’invite toute la gauche. »

Toute la gauche, y compris La France insoumise ? « Je m’entends très bien avec Emmanuel Fernandes », assure Thibaut Vinci :

« Avec LFI, nous avons des divergences politiques importantes mais au niveau national. Au plan local, ça ne m’intéresse pas de clasher avec la gauche radicale chaque semaine. Comme avec les Écologistes, il faut discuter plutôt que de faire de l’écolo-bashing en permanence. C’est normal qu’il y ait des travaux dans une ville en fin de mandat et il faut leur reconnaître qu’ils ont su renouveler l’exécutif municipal. »

Une campagne sur la tranquillité publique

Pas d’ennemis à gauche donc, même si Thibaut Vinci avoue que les discussions n’ont pas vraiment débuté entre le PRG et les Écologistes et LFI. Ce sera compliqué dans la mesure où ces formations sont parties pour présenter des têtes de listes au premier tour. Mais Thibaut Vinci espère convaincre que ses thèmes de campagne et ses propositions seront plus fortes (voir ci-dessous) :

« Je suis policier et la question de la tranquillité publique est pour moi un thème de gauche. La sécurité, c’est pour tous, y compris dans les quartiers populaires qui sont les plus confrontés à la délinquance. La gauche doit s’emparer de ce thème d’autant que lorsque la droite en parle, c’est une escroquerie : de la répression sans moyens adéquats. »

Déficit de notoriété

Thibaut Vinci est déterminé mais il sait qu’il va devoir pallier un déficit de notoriété en quelques semaines de campagne et ce, avec une formation politique affaiblie. « On sort d’une scission après une fusion ratée, rappelle Thibaut Vinci. Mais nous avons une cinquantaine de sympathisants à Strasbourg, ce qui nous permettra de tracter sur les marchés deux fois par semaine. »

Thibaut Vinci donne rendez-vous pour un grand meeting de campagne samedi 22 novembre, jour de son anniversaire. Le lieu n’est pas encore arrêté. Mais comme pour tout le reste rappelle le candidat, « d’ici novembre, on devrait y voir plus clair ».

Les 10 priorités de Thibaut Vinci

  1. Renforcer la sécurité dans tous les quartiers. Création de points fixes de police municipale inspirés des « kobans » japonais, pour une présence de proximité dans les quartiers. Augmentation des effectifs et des moyens de la police municipale, avec une formation axée sur la prévention et la médiation.
  2. Faire de Strasbourg une capitale européenne accessible à tous. Création d’un « Pass Europe » offrant un accès gratuit ou à tarif réduit aux institutions européennes (visites, conférences, expositions), d’un festival annuel « Strasbourg, cœur de l’Europe »…
  3. Promouvoir la justice sociale et la solidarité. Création d’un « Pacte de Solidarité Strasbourgeois » pour accompagner les plus vulnérables (soutien aux familles monoparentales, aide aux seniors, insertion des jeunes), renforcement des centres socioculturels comme relais de proximité pour l’accès aux droits et aux services…
  4. Lutter contre le changement climatique. Accélération de la végétalisation des espaces publics (parcs, toitures végétalisées, corridors verts), subventions pour la rénovation énergétique des bâtiments publics et privés, avec un focus sur les logements sociaux, promotion des énergies renouvelables, notamment via des projets citoyens de production d’énergie solaire…
  5. Dynamiser l’économie locale et l’emploi. Création d’un label « Made in Strasbourg » pour valoriser les produits et services locaux. Soutien aux jeunes entrepreneurs via des incubateurs et des aides financières spécifiques. Développement de zones d’activités économiques dans les quartiers prioritaires pour favoriser l’emploi local. Renforcement des partenariats avec les institutions européennes pour attirer des investissements dans les secteurs de la tech et de l’innovation…
  6. Améliorer la qualité de vie par des services publics de proximité. Création de « Maisons de services publics » regroupant accès aux démarches administratives, santé et accompagnement social. Développement d’une plateforme numérique pour simplifier les démarches administratives et améliorer la transparence.
  7. Valoriser la culture et le patrimoine. Création d’un « Pass Culture Strasbourg » pour offrir aux habitants un accès facilité aux musées, théâtres et festivals. Valorisation du patrimoine alsacien, notamment à travers la promotion de la langue régionale et des traditions locales. Organisation d’événements culturels dans les quartiers pour décentraliser l’offre culturelle.
  8. Renforcer la démocratie participative. Création de conseils de quartier dotés de budgets participatifs pour financer des projets citoyens. Organisation de consultations régulières sur les grands projets urbains (transports, urbanisme, environnement). Mise en place d’une application mobile pour signaler les problèmes du quotidien et proposer des idées. Transparence totale sur les dépenses municipales et les décisions du conseil municipal.
  9. Favoriser la cohésion intergénérationnelle. Développement de résidences intergénérationnelles mêlant logements pour seniors et étudiants. Création de programmes de mentorat entre seniors et jeunes pour transmettre savoirs et expériences. Soutien aux associations qui favorisent le lien entre générations.
  10. Préparer Strasbourg aux défis du futur. Investissement dans les technologies vertes et intelligentes pour une ville connectée et durable. Création d’un « Conseil de l’avenir » composé d’experts, citoyens et jeunes pour réfléchir aux enjeux de demain (climat, mobilité, numérique).