Les quatre temps d’une tragi-comédie chroniquant, entre deux enterrements et deux mariages, les confessions et les prises de bec d’un clan d’inséparables.
Le monde va décidément trop mal pour s’appesantir sur le sort de la planète et Pascal Rambert décide de s’aligner sur le mot d’ordre de Candide dans Voltaire : “il faut cultiver notre jardin”. Ce pré carré se condense avec élégance pour l’auteur, metteur en scène et scénographe sur la troupe d’interprètes qui l’accompagne depuis des années dans ses créations.
Fidèle à sa méthode, Pascal Rambert aime à s’inspirer de la biographie de ses acteurs et actrices pour tisser la trame intime de ses fictions. Ainsi chaque comédien et comédienne hérite d’un personnage qui porte son prénom et l’intrigue met en perspective sa personnalité réelle autant que celle de son rôle, tout en convoquant les souvenirs de pièces précédentes. Cette tribu forme naturellement une famille de théâtre que l’on retrouve une nouvelle fois avec grand plaisir.
Avec Les Conséquences, la saga se développe sur une dizaine d’années. Elle s’inscrit dans l’espace d’un barnum immaculé devenu le rendez-vous incontournable d’une équipe qui profite des rituels familiaux pour se reformer. En marge des cérémonies, la vaste construction déserte fait office de coulisses à vue et de confessionnal pour cadrer une série de rencontres avant l’arrivée des invité·es. La comédie douce-amère commence par le gag d’une urne funéraire kitschissime aux allures de grosse goutte d’eau design.
Du feel good théâtre
Rythmée par des entrées et des sorties de scène chorégraphiées en clin d’œil aux courses folles du cinéma de Buster Keaton, la pièce s’amuse d’un mini ballet et de chansons interprétées en live. Avec Jacques (Weber), impérial en patriarche sur le déclin et la grande Marilù (Marini), son épouse à la gouaille impayable, ce royaume où la parole est libre distille les coups de théâtre. Le torchon brûle, quand Stanislas (Nordey) apprend que sa femme Audrey (Bonnet) a une liaison amoureuse secrète avec Laurent (Sauvage). C’est encore l’humour des gestuelles du muet qui préside au jeu d’Arthur (Nauzyciel), en père aussi débordé par l’existence qu’imperméable aux aspirations des nouvelles générations.
En forme de postface, Pascal Rambert rend hommage à La Cerisaie de Tchekhov, expert incontesté de la psychologie des âmes, qui demeure un mentor. Un effeuillage de groupe prétexte à un feel good théâtre où rien ne semble insurmontable car, comme toujours avec Pascal Rambert, c’est la vie qui mène le bal.
Les Conséquences texte, mise en scène et installation Pascal Rambert avec Jacques Weber, Marilù Marini, Audrey Bonnet, Anne Brochet, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Laurent Sauvage, Paul Fougère… Jusqu’au 10 octobre au Théâtre national de Bretagne, Rennes. Dans le cadre du Festival d’Automne, du 3 au 15 novembre au Théâtre de la Ville, Paris. En tournée jusqu’au 19 décembre.