Julien, Sylvie, Capucine, Annie et Yasmina partagent leur quotidien dans une maison à Orléans.
Nata Shilo
La chaîne propose un documentaire qui suit la vie commune de jeunes adultes et de seniors dans une maison à Orléans.
Cédric Klapisch a admirablement relaté les joies de la colocation dans l’inoubliable L’Auberge espagnole . Aujourd’hui, ce phénomène n’est plus seulement réservé aux étudiants. Face au vieillissement de la population, à l’isolement ou encore aux problèmes de pouvoir d’achat, de nouveaux modes de vie sont expérimentés un peu partout. C’est le cas de la colocation intergénérationnelle.
Le vivre-ensemble est-il possible malgré des différences d’âge ? C’est ce qu’a voulu découvrir le réalisateur Thomas Raguet qui a suivi la mise en place, à Orléans, d’une colocation de ce type portée par la start-up orléanaise Colibree Intergénération (cette dernière avait conquis les investisseurs de l’émission « Qui veut être mon associé », sur M6, en 2023, mais a malheureusement mis la clé sous la porte depuis le tournage du documentaire). À travers une plateforme informatique, elle mettait en relation des seniors âgés de plus de 60 ans et des jeunes de moins de 30 ans, leur garantissant un toit, un loyer modéré, la mise en place de tâches communes ainsi qu’un suivi régulier. De la recherche de postulants jusqu’à la vie commune, le documentaire La Coloc, produit par Caroline Delage (Au Tableau Productions) et diffusé sur Canal+, retrace la vie de cette maison unique durant plusieurs mois avec, en fil rouge, l’éclairage du sociologue Serge Guérin.
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La charte de la cohabitation
Si chacune des personnes qui souhaitent rejoindre ce projet a ses propres raisons de postuler, toutes doivent avoir le goût du partage et des concessions. Daniel, 63 ans et encore actif, veut vivre une expérience nouvelle. « Le challenge est sympa : tu vas t’installer et vivre comme en famille mais avec des gens que tu ne connais pas », explique-t-il, en espérant que les jeunes lui apportent de la tolérance, lui qui s’avoue parfois exigeant. Sylvie, 78 ans, retraitée, ne veut pas être une charge pour ses enfants. Elle est consciente que tout ne sera pas facile : « Il ne faut pas se leurrer, il y aura des heurts mais c’est bien aussi, parce qu’on apprendra à se connaître avec nos qualités et nos défauts », livre-t-elle, confiante, en amont de l’aventure. Julien, 22 ans, pizzaïolo le jour et musicien la nuit, fuit la solitude de son appartement tandis que Capucine, 27 ans, qui a grandi entre le Canada et les Antilles, s’installe en France pour la première fois.
Au fil des jours, la vie de la maison se met en place à coups de plannings de tâches ménagères. Tous signent la charte de la cohabitation donnant la possibilité de mettre des cartons jaunes puis un carton rouge stipulant l’exclusion de la personne lorsque la situation le nécessite. Si des manquements agacent certains plus que d’autres (« Julien ne fait pas sa semaine de ménage »), les concessions permettent de créer, jour après jour, un équilibre. Mais l’arrivée de deux colocataires fait naître de nouvelles tensions car le vivre-ensemble n’est pas si aisé. Et, finalement, la difficulté ne vient pas, comme on pourrait le croire, de la différence d’âge mais plutôt des caractères et de la capacité d’adaptation de chacun. Un film instructif sur une initiative intéressante qui pourrait, à l’avenir, permettre de remédier à la solitude et au manque de moyens en créant du lien.