Par

Marie Lamarque

Publié le

2 oct. 2025 à 14h07

« Meetic, Adopte un mec, Badoo, Gleeden… » La liste énoncée par la présidente est longue. Des applications de rencontres que Cédric Jubillar avait téléchargées sur son portable et dont il était accro. Mais dans quel but réellement ? « Rendre jalouse Delphine », aurait-il confié à l’une des amies de la disparue, Amélie, passée à la barre des assises du Tarn ce jeudi 2 octobre 2025. Ou, lui aussi, préparait-il déjà sa vie d’après, aux côtés d’une nouvelle compagne ? Dans son box, le peintre-plaquiste a livré des réponses floues, et parfois contradictoires.

L’amie qui surprend Cédric sur Badoo

L’amie du couple – « plus proche de Delphine », admet-elle – se rappelle être tombée « par hasard » sur le profil de Cédric fin octobre 2020. C’était sur l’application de rencontres Badoo. « J’ai pris des captures d’écran. Je pensais qu’il ne m’avait pas vu dessus. Mais si. Il m’a demandé de ne rien dire à Delphine », raconte la jeune femme de 35 ans.

Mais en amie fidèle, Amélie lui explique qu’il lui sera difficile de garder le secret. « Elle m’a demandé le divorce. Je voudrais essayer de la rendre jalouse. Car c’est elle que j’aime. Alors, je vais supprimer mon compte. Je ne veux pas la perdre pour des conneries », lui répond Cédric.

« Il y a quand même là une contradiction, pointe Me Laurent Boguet, avocat des enfants du couple Jubillar. Comment comptait-il la rendre jalouse s’il retirait son compte ? »

Reste que le peintre-plaquiste était bien arrivé à ses fins. « Delphine était au courant qu’il allait sur des sites. Elle avait vu un prélèvement de Meetic sur le compte bancaire », livre Amélie.

Vidéos : en ce moment sur Actu« Pour embêter Delphine »

« Pourquoi alliez-vous sur ces sites M. Jubillar ? », demande la présidente. « Pour embêter Delphine et la rendre jalouse. Puis, quand il y a eu la procédure de divorce, faire une nouvelle rencontre », explique le concerné dans le box. 

L’analyse de son téléphone le révèle, les installations d’applications se sont multipliées à partir d’avril 2020. « J’ai téléchargé, ça ne veut pas dire que je l’allais dessus« , souligne bien Cédric. Mais au regard de la longue liste dressée par la présidente, il se justifie : « Je ne savais pas, moi, que c’étaient des sites de rencontre ! »

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Rires sur le banc des parties civiles qui poussent Cédric Jubillar à livrer une justification étonnante : « en fait, je vais dans le Top 100 des applis et je sélectionne les meilleures. Mais quand je vois ce que c’est, je les désinstalle. » 

« Il va falloir être plus précis M. Jubillar »

Reste que sur la liste, il se rendait sur au moins trois de ces sites : Badoo, Meetic et Gleeden, le premier sur lequel il s’est inscrit en avril 2020. À noter que ce dernier a la particularité de cibler les personnes mariées infidèles.

« À ce moment-là, on est encore loin de la perspective d’un divorce », fait remarquer la présidente. « J’étais dessus parce qu’on pouvait rencontrer des gens en les croisant… Je crois que c’est ça », répond Cédric Jubillar avec beaucoup d’hésitation.

« Delphine était aussi sur ce site en avril 2020. Vous le saviez ? » Réponse de l’accusé : « Non, je ne crois pas, je ne sais plus. Peut-être… » Et la présidente de l’avertir : « il va falloir essayer d’être plus précis M. Jubillar… »

Jubillar : le résumé de l’affaire

Delphine Jubillar, une infirmière de 33 ans, disparaît dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, de son pavillon de Cagnac-les-Mines, petit village du Tarn, situé à 8 km d’Albi. Dans la maison, ce soir-là, son mari, Cédric Jubillar, un peintre-plaquiste âgé de 33 ans à l’époque, et leurs deux enfants, Louis, 6 ans, et Elyah, 18 mois.
La jeune femme n’a jamais donné signe de vie. Elle n’a jamais été retrouvée, tout comme son téléphone.
Le couple Cédric-Delphine battait de l’aile. Depuis six mois, l’infirmière fréquentait un autre homme, marié lui aussi. Avec lui, elle projetait de refaire sa vie.
Rapidement, Cédric Jubillar fait figure de suspect numéro un. Il est mis en examen et placé en détention provisoire le 18 juin 2021, à la maison d’arrêt de Seysses. Malgré les multiples demandes de remise en liberté de ses avocats, il n’est jamais sorti de prison et continue de clamer son innocence. Il l’assure, il dormait quand son épouse a disparu cette nuit-là.
Une affaire sans corps, sans aveux et sans scène de crime qui est jugée depuis le lundi 22 septembre aux assises du Tarn, à Albi. Mais des charges que le jury doit analyser.
Cédric Jubillar encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Verdict attendu le 17 octobre.

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