Il est 14 h, ce jeudi, du côté de la place Saint-Epvre, les rangs sont clairsemés. Les barnums sont de sortie, proposent quelques douceurs et abritent la caisse de grève. Micros et enceintes, harnachés à l’arrière des camions et autres camionnettes floquées aux couleurs syndicales, sont prêts à cracher leurs décibels.

La grève, justement, comme annoncé, n’aura été que peu suivie. « Difficile de mobiliser les gens plusieurs fois en un mois  », reconnaît André, un gilet rouge de la CGT sur le dos.

Maintenir la pression

Vrai que sacrifier une journée de salaire pour manifester contre un budget et un gouvernement qui n’existent pas en a dissuadé plus d’un. Préférant, ainsi, se préserver pour les mouvements à venir.

Pas étonnant, alors, de ne voir que très peu de manifestants non-syndiqués dans le cortège composé, au départ, de 700 personnes, avant de grossir à 1 400 au fil d’un long parcours que certains ont court-circuité, afin de le réduire. « Certes, il n’y a ni budget, ni ministres mais il faut que tous sachent que l’on est là, que l’on refuse l’austérité. Il faut maintenir la pression ! » insiste Brigitte, pétillante sexagénaire qui n’entrevoit toujours pas la retraite. « Tout va mal, Macron il a tout cassé ! On peut pas continuer à le laisser faire, c’est pas possible ! » fulmine Martine.

Et comme les fois précédentes, c’est l’ultragauche qui a pris les devants de la manifestation. Une ultragauche sans ses leaders et détestant toujours la police, les bourgeois, les patrons, les fascistes et Emmanuel Macron.

Ras-le-bol

Pas de quoi éclipser la ferveur syndicale, en tout cas. Panneaux et drapeaux ont rappelé les griefs visant un président de la République toujours aussi peu populaire. De L’Internationale à l’inusable et intemporelle Hexagone de Renaud… En passant par l’hymne Antisocial de Trust, cette manifestation du 2 octobre a malgré tout donné de la voix pour exprimer un ras-le-bol visiblement général.

Et s’est fait remarquer avec un nouveau départ de feu devant l’entrée du McDo de la rue Saint-Dizier, sous les yeux éberlués des étudiants y travaillant.

Pour autant, la manif s’est déroulée sans accroc, à un rythme de sénateur… Et a permis aux organisations syndicales de prendre le pouls de la rue, à un moment creux, avant les futurs combats qui se profilent. Avec un mot d’ordre : « On lâche rien ! »