Neuf mois après, le « Grand Charles » va de nouveau répondre à l’appel du terrain. Pour lui, c’est la fin d’une longue bataille. Celle vers le retour au plus haut niveau, après une énième blessure l’ayant écarté du rectangle vert.

Le samedi 4 janvier dernier, dès les premières minutes d’une rencontre de Top 14 disputée face au Racing 92, le troisième ligne et capitaine du Rugby club toulonnais se blessait gravement au genou sur une course avec ballon. Il sortait sous les applaudissements de Mayol, dépité, avant de lire le résultat sans appel des examens, trois jours plus tard : rupture d’un ligament croisé du genou droit. Une blessure que le Basque d’origine avait déjà subie à l’autre jambe durant un match à Castres, presque quatre ans auparavant…

Charles Ollivon n’en est donc pas à sa première opération. Ni à sa première résurrection. À 32 ans, le gamin de Saint-Pée-sur-Nivelle connaît la formule pour revenir au top. Aussi, après une nécessaire phase de repos, l’international aux 46 sélections avec le XV de France a travaillé d’arrache-pied pour revenir en ce début de saison.

Acclamations à Dauger, ovation à Mayol ?

Première mission accomplie. À l’entraînement avec le collectif depuis plusieurs semaines, il avait effectué son retour dans le groupe élargi pour la réception avortée de La Rochelle (lors de la troisième journée) avant de récidiver, une semaine plus tard, en vue du déplacement à Bayonne.

Dimanche dernier, dans l’enceinte de Jean-Dauger qui l’avait vu se révéler chez les professionnels, Ollivon a d’ailleurs reçu de la part du public bayonnais l’une de ces acclamations qui vous réchauffent le cœur. Avant l’ovation de Mayol ce samedi, lorsqu’il sortira du banc pour disputer ses premières minutes de la saison ? Fort probable, puisque l’avant devrait débuter en tant que remplaçant face à Pau, ce samedi.

Un retour entrepris lentement, mais sûrement, donc, à l’image d’un mois de septembre lors duquel le staff n’a pas voulu précipiter les choses. « Charles rongeait un peu son frein », confie Dany Priso Mouangué, coéquipier du huit de devant.

« Quand tu as une blessure aussi longue et importante, tu n’es pas à deux semaines près, justifiait quant à lui l’entraîneur de la touche varoise, Sergio Parisse, avant de défier l’Aviron. Dans sa tête, il est proche [de retrouver la compétition] depuis plusieurs semaines, car lorsque tu es loin des terrains depuis si longtemps, tu n’attends qu’une chose, c’est de rejouer. Après, Charles est un super athlète. Je n’avais aucun doute sur le fait qu’il allait très bien récupérer. »

Pour le directeur du rugby Pierre Mignoni, le principal concerné a même fait mieux que ça : « Je pense qu’il a aussi gagné en crédibilité pour la suite. Il a bien travaillé. Il est frais et en forme. Je crois qu’il va jouer encore plus longtemps. »

Nul doute que vivre de l’extérieur le Tournoi des Six nations (remporté par la France) ou même la demi-finale de Top 14 (ralliée par Toulon pour la première fois depuis 2018) a dû entretenir la faim du compétiteur.

« Il faut qu’il pense à lui »

Le demi de mêlée Ben White a ainsi hâte de le revoir sur le pré : « C’est énorme pour toute l’équipe. Charles est un très grand joueur, qui peut jouer à très haut niveau. Quand tu joues avec lui, tu as plus de confiance et d’énergie, car c’est une personnalité hors normes. »

Pourtant, l’entraîneur en chef du RCT n’attend pas le « Grand Charles » comme le Messie. « Son retour, dit-il, avec l’impact qu’il peut avoir sur les autres, est toujours une bonne chose pour le groupe. Mais là, je lui ai dit qu’il faut d’abord qu’il pense à lui. Il ne sera pas capitaine samedi. Il faut qu’il prenne du plaisir, qu’il retrouve des sensations et que les joueurs sur le terrain l’aident à bien revenir. »

Le pilier polyvalent Dany Priso Mouangué sera de ceux-là : « On est heureux de l’avoir avec nous et je pense que tout le public sera content de le retrouver aussi. Maintenant, à nous de l’accompagner sur ce match de reprise, pour qu’il se sente le plus à l’aise et qu’il retrouve vraiment le collectif. »

Et si l’évènement que représente ce come-back offre un supplément d’âme à la formation rouge et noir, ce sera tant mieux : « C’est quelque chose qui peut jouer pour nous. Jouer pour son retour, l’accompagner… C’est toujours mieux de revenir avec une victoire. […] Et le plus beau cadeau qu’on pourra lui faire, ce sera d’essayer de ramener les points chez nous. »

Ce serait, en effet, une bien belle manière de fêter un tel retour.