La nature totalitaire de la Russie n’a pas changé depuis la fin de la guerre froide. Elle n’est sensible qu’aux rapports de force. De la crise de Cuba en 1961, sous Kennedy, à celle des euromissiles durant la présidence Mitterrand face aux SS20 soviétiques au début des années 80. Il faut toujours forcer les dirigeants russes à contenir leurs pulsions agressives. La lune de miel de Poutine avec Bush n’eut qu’un temps. Obama soutint la révolution de Maïdan à Kiev mais ne fit pas respecter les lignes rouges posées sur le recours à l’arme chimique par la dictature syrienne, au grand dam de François Hollande. Lequel sut faire preuve de fermeté en bloquant la vente des BPC Mistral à Moscou. Emmanuel Macron a adopté la même attitude, même si l’on peut s’interroger sur sa volonté de réviser la doctrine nucléaire pour répondre aux provocations russes en la matière. Mais quatre ans après l’invasion de l’Ukraine, qui résiste vaillamment à l’agresseur, l’Europe de la Défense reste à construire et l’on mesure la difficulté de se coordonner et de planifier des achats en commun. Paris et Berlin s’agacent de la prétention de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à jouer un rôle qui n’est pas prévu par les traités. Ils restent également sceptiques sur la capacité des 27 à réaliser un mur anti-drones. En revanche Berlin, hostile à un emprunt européen, approuve l’idée d’utiliser les actifs russes gelés pour répondre aux besoins ukrainiens, dès lors que les États-Unis se détournent du théâtre européen.