Une défaite stratégique. Après l’élection mercredi des six vice-présidents et des trois questeurs (chargés de la bonne santé financière de l’Assemblée), les députés votaient jeudi matin pour les douze secrétaires du bureau de l’Assemblée nationale, achevant ainsi de renouveler ses membres. Celui-ci décide notamment des sanctions les plus sévères contre les députés, ou de la recevabilité de certains textes. A l’issue du vote, la gauche a finalement perdu sa majorité au bureau, le Rassemblement national faisant de son côté son retour dans cette instance exécutive grâce au socle commun.

Répartition proportionnelle

La gauche avait profité l’an dernier d’une démobilisation d’une partie du socle commun pour décrocher une majorité, au cours de votes confus organisés au cœur de la nuit. Mais cette année, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), souhaitait une répartition proportionnelle correspondant au poids des groupes. Le règlement prévoit une telle répartition, avec un système de points, si tous les groupes en sont d’accord. A défaut, des votes sont organisés. La gauche s’est opposée au système de points, refusant l’entrée du RN dans les instances de l’Assemblée au nom du front républicain, mais le RN et le socle commun se sont accordés pour imposer par leurs votes cette répartition.

Au total, le RN et ses alliés ciottistes obtiennent cinq représentants au sein du Bureau. Le socle commun (Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains) totalise neuf représentants, en comptant la présidente. La gauche (La France insoumise, Parti socialiste, Écologistes et communistes) en a sept. Le groupe centriste indépendant Liot obtient également un secrétaire.

« Je voudrais remercier chacun d’entre vous pour sa participation à ces élections qui se sont déroulées de façon apaisée et en bon ordre », a déclaré Yaël Braun-Pivet après avoir annoncé les résultats. Le nouveau Bureau, qui comprend 12 femmes et 10 hommes, se réunira pour la première fois mercredi.

Au tour des commissions

Avant cela, à partir de ce jeudi 15 heures, les députés se retrouveront cette fois dans les huit commissions permanentes de l’Assemblée pour élire le président de chacune d’elles, des postes également stratégiques. L’après-midi risque à nouveau de tourner au désavantage de la gauche, la coalition gouvernementale étant décidée à lui ravir la présidence des commissions des Affaires économiques (actuellement LFI) et des Affaires culturelles (PS).

Le socle commun veut également reprendre à Charles de Courson (Liot) le poste de rapporteur général du budget. Le RN se retrouvera en position d’arbitre, la gauche alliée à Liot pesant davantage que le socle. Mercredi, l’Écologiste Jérémie Iordanoff, évincé de son poste de vice-président, a accusé les macronistes d’avoir passé un accord allant au-delà du Bureau. Le but de la réintégration du RN était de « se garantir des postes de présidence de commission. Vous le verrez demain », a-t-il affirmé.

Le président du groupe Liot, Laurent Panifous, s’est insurgé par avance jeudi que le socle commun et l’extrême droite puissent joindre leurs voix pour faire élire le LR Philippe Juvin face à Charles de Courson, jugeant cela « parfaitement choquant ».