Récitals, opéras, ballets et jeune public… Après nous avoir épaté(e)s le mois dernier avec En Regard, c’est une bien belle saison que l’Opéra national du Rhin (OnR) nous prépare. Parmi les nombreux rendez-vous strasbourgeois, on a sélectionné trois coups de cœur à réserver dès maintenant : deux chefs-d’œuvre de l’opéra et une comédie musicale magistrale de Broadway.
« Le Miracle d’Héliane » : chef-d’œuvre oublié
Cette sélection démarre avec une première française : Le Miracle d’Héliane, un opéra du compositeur autrichien Erich Wolfgang Korngold (créé le 7 octobre 1927). « Un trésor injustement oublié, dont l’histoire s’inspire des mystères médiévaux et de la littérature ‘fin de siècle’ », nous dit-on.
« Le Miracle d’Héliane » © Document remis
L’œuvre d’un « artiste surdoué, qualifié d’enfant prodige par Gustav Mahler et volontiers comparé à Mozart durant son adolescence », et « incarn[ant] le dernier souffle du romantisme viennois ».
Un compositeur majeur qui fuit le nazisme en 1936 pour Hollywood où il va insuffler « son style grandiose » dans l’industrie cinématographique, au point d’inspirer des compositeurs, dont John Williams.
« Le Miracle d’Héliane ». © Document remis
Le Miracle d’Héliane, c’est un opéra en trois actes, sur un livret de Hans Müller-Einigen et d’après un mystère de Hans Kaltneker, accessible dès 14 ans. Une « partition envoûtante et capiteuse » qui nous transportera « dans une société dystopique en mal d’humanité ». On y rencontrera, dans une « geôle glaciale », un prisonnier condamné à mort par un tyran, pour avoir « allum[é] le feu du rire et de la joie dans le cœur d’un peuple maintenu dans l’ignorance du bonheur ».
Pour ce spectacle qui résonnera plus que jamais, l’Opéra national du Rhin (OnR) confie les rênes de ce spectacle à Robert Houssart (pour la direction musicale) et Jakob Peters-Messer (à la mise en scène). Sur scène : le Chœur de l’Opéra national du Rhin et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg.
Du 21 janvier au 1er février
À l’Opéra de Strasbourg
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« Le Miracle d’Héliane ». © Document remis
« Le Roi d’Ys » : légende bretonne
Rendez-vous de nos printemps, le festival pluridisciplinaire Arsmondo (porté par l’OnR) reviendra du 12 au 22 mars à Strasbourg, avec cette année les « Îles » pour thématique.
Des espaces aussi fragiles (« en première ligne des bouleversements environnementaux, migratoires et géopolitiques ») que « fascinants » et dont le festival partira en explorer les cultures.
© Anthony Jilli / Pokaa
Sa programmation proposera, entre autres, Le Roi d’Ys, un opéra d’Édouard Lalo (créé le 7 mai 1888 à l’Opéra-Comique), et un livret d’Édouard Blau. Une nouvelle production (accessible dès 10 ans) avec, à la direction musicale, Samy Rachid (désormais à Boston, depuis son passage par l’Opéra Studio) et, à la mise en scène, l’incomparable Olivier Py, qui signe ici « son grand retour » à l’OnR.
Le Roi d’Ys nous plongera au cœur de l’océan Atlantique, dans « la magnifique cité d’Ys, perle de la Bretagne, [qui] s’élève fière et sans pareille dans la baie de Douarnenez ». Une île qu’on nous explique être « construite sous le niveau de la mer, [et] […] préservée des flots destructeurs par une puissante digue, percée d’écluses dont le mécanisme est protégé par la famille royale ».
Une protection finalement bien fragile, quand surgit la tempête des sentiments humains. Une histoire inspirée des légendes armoricaines et de la cité d’Ys, dont l’issue funeste rappelle celle de la mythique Atlantide.
© Yaël Becker / Pokaa
Une œuvre renversante, et pourtant longtemps refusée par les scènes parisiennes, avant d’être montée en 1888 et qui a valu à son compositeur « un triomphe aussi tardif que retentissant, en s’inscrivant dans la filiation wagnérienne de l’opéra français ».
Du 11 au 29 mars
À l’Opéra de Strasbourg et à la Filature de Mulhouse
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« Follies » : Broadway à Strasbourg
Et enfin, comme l’an passé avec Sweeney Todd. Le diabolique barbier de Fleet Street, l’OnR termine sa saison 2025/26 avec une nouvelle comédie musicale de Stephen Sondheim.
Du 7 au 23 juin, il montera ainsi Follies, sur un livret de James Goldman (et des orchestrations de Jonathan Tunick), créée le 4 avril 1971 au Winter Garden Theatre de Broadway à New York.
« Sweeney Todd. Le Diabolique Barbier de Fleet Street » à l’Opéra national du Rhin, juin 2025. © Fanny Soriano / Pokaa
Pour cette nouvelle production (en coproduction avec le Grand Théâtre de Genève et le Théâtre du Châtelet) – à laquelle participera à nouveau la célèbre cantatrice Natalie Dessay –, direction Broadway, justement, à une soirée d’adieu organisée par un ancien producteur, avec les vedettes de sa troupe.
Mais « les paillettes, le feu des projecteurs, les frissons du lever de rideau et les applaudissements à tout rompre appartiennent à une époque révolue : leur théâtre, jadis flamboyant, a été transformé en cinéma et sera démoli le lendemain ».
© Fanny Soriano / Pokaa
Au milieu de leurs souvenirs – « joyeux et parfois doux-amers » –, point l’hommage « aux somptueuses revues new-yorkaises » (telles que les Ziegfeld Follies), « au fil d’une réflexion très proustienne sur le temps et les promesses illusoires du rêve américain à la fin des Trente Glorieuses ».
Une œuvre qu’on nous dit « culte et jouissive » dans laquelle Sondheim pastiche ses prédécesseurs de George Gershwin à Irving Berlin ou encore Jerome Kern, qui ont fait la gloire de Broadway.
Une comédie musicale avec des chorégraphies de Stephen Mear, portées par le Ballet de l’OnR, et « un feu d’artifice musical et visuel » accessible dès 10 ans, et dirigé par le chef David Charles Abell, « disciple de Bernstein et proche de Sondheim ». Une sacrée « folie » pour une jolie fin de saison.
Du 7 au 23 juin
À l’Opéra de Strasbourg et à la Filature à Mulhouse
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