La France a connu jeudi “son troisième jour de manifestations en un mois contre le gouvernement et les coupes budgétaires, alors que nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu n’a toujours pas nommé le nouveau gouvernement ni présenté son budget”, constate El País.
Les syndicats français tentent de “maintenir la pression” sur M. Lecornu, “afin qu’il revoie les coupes budgétaires et envisage une forme d’impôt sur la fortune pour les ultra-riches”, résume pour sa part The Guardian.
Mais si les défilés du 18 septembre avaient rassemblé entre 500 000 et un million de manifestants, la grève de jeudi et ses 240 cortèges à travers la France ont été “sensiblement plus modestes”, et les transports et écoles ont été “moins perturbés”, note le quotidien britannique. La CGT a compté 600 000 participants – un chiffre ramené à 195 000 par la police.
“Concessions” insuffisantes
Pour sa “deuxième journée de mobilisation de la rentrée, la très puissante intersyndicale réunissant pratiquement toutes les organisations, des plus modérées au plus radicales”, n’a pas réussi à “provoquer autant de perturbations” que le 18 septembre dernier, pointe également Le Temps, qui considère que les syndicats ont “raté” leur nouvelle mobilisation.
Bloomberg observe que les organisations syndicales avaient appelé à cette nouvelle journée d’action “après avoir rencontré Lecornu la semaine dernière” et estimé que “les discussions n’avaient apporté aucune précision sur les concessions qu’il était prêt à faire dans son projet de budget”.
Selon El Periódico, le Premier ministre avait envoyé mercredi soir une lettre aux syndicats, dans laquelle il évoquait “certaines concessions dans la réforme des retraites”, comme “l’amélioration des prestations pour les femmes, qui avaient été affectées par la dernière réforme”.
M. Lecornu y déclarait en outre être “pleinement conscient des préoccupations et des inquiétudes des travailleurs du pays” et exprimait sa volonté d’“accueillir” rapidement les syndicats. “Mais ce geste ne suffit pas aux organisations de travailleurs, qui restent sur le pied de guerre”, commente le quotidien catalan.
Paralysie politique
Jeudi encore, “face à la mobilisation”, l’entourage du Premier ministre a annoncé qu’il étudiait “plusieurs mesures de baisse d’impôts pour les salariés”, notamment pour les couples gagnant légèrement plus que le salaire minimum, rapporte Clarín en Argentine. Mais là encore, la proposition est jugée insuffisante par les syndicats et l’opposition socialiste.
L’insatisfaction restant visiblement forte, Le Temps s’interroge sur l’essoufflement du mouvement et la “lassitude” observée dans les cortèges. “La première journée était bien plus médiatisée. Et on gagne tellement peu que renoncer à un jour de salaire, ce n’est pas neutre”, a expliqué au quotidien suisse Jean-Sébastien, prof d’histoire-géo à Vincennes.
Pour Al-Jazeera, “l’impasse actuelle reflète une paralysie politique plus large” : gouvernement et opposition “s’accordent sur la nécessité de plafonner les dépenses, mais pas sur la façon de répartir le fardeau”.